Daniel & Jean-Claude Besse

Natation Vélo Course

News: Compétitions

Ironman Frankfurt

Jean-Claude a déjà presque tout dit sur notre premier ironman le jour de nos 25 ans, mais avec tout le temps passé dans la préparation et la longueur de la journée, je peux bien écrire quelques lignes également pour partager mes anecdotes et sentiments.

Objectif sub-9

Voici une bonne année que je martèle Jean-Claude avec l’idée de faire sous les 9 heures pour notre premier ironman. Pas besoin de se stresser en natation lui dis-je, il suffit de bien passer le vélo sans gros coup de mou et de faire la course qu’on sait faire comme on l’a montré à Lucerne sur marathon et ça devrait passer. Beau discours et belles paroles qui ne sauraient cacher qu’aux non-initiés les doutes sur le déroulement de la journée et des efforts. La longueur du vélo et la nutrition sont les points qui me font quelque peu peur intérieurement. Il n’en reste que la semaine menant à Francfort je me sens prêt et ai hâte d’en découdre.

Je vous passe le stress qui monte gentiment, la journée de la veille à mon avis trop longue et remplie de marche, ainsi que les préparatifs multiples de matériel pour en venir directement à la course.

Plaisir en natation pour l’échauffement

Frankfurt Swim Start
Concentrés avant le départ.

La natation, sujet de stress pour certains, n’est pour moi qu’une partie de plaisir à prendre en échauffement. Une cinquantaine de minute où les bras seront à contribution mais les jambes pourront prendre le temps de doucement se mettre dans le bain. Sur la ligne, la concentration est grande et le regard porté vers ce long parcours qui nous attend. Tous ces bonnets sur une plage qui n’attendent que de pouvoir se défouler une journée entière, c’est impressionnant. Et dire que je me presse aux portillons de départ pour pouvoir en laisser la très grande majorité derrière dès la sortie de l’eau.

En cinquième ou sixième ligne avec Jean-Claude à ma gauche, le départ se fait aisément. Quelques petits zigzags pour dépasser ceux partis devant nous et quand je relève la tête il n’y a qu’une combinaison et un kayak devant. Allez, un petit effort et je suis dans les pieds ! Plusieurs fois, j’hésite à prendre la tête, euphorie du moment que je réfrène jusqu’à la sortie à l’australienne pour m’épargner un peu dans les bulles de mon meneur d’allure. Dehors de l’eau, je ne peux m’empêcher de passer devant et jeter un coup d’œil dans le public à la fois pour profiter du moment et chercher des têtes que je connaitrais afin de dire « coucou, c’est moi, je suis premier ! ».

Me voilà donc seul pour la deuxième boucle et j’accélère probablement légèrement le rythme. Mon acolyte ne m’a pas suivi en tout cas et je n’ai que les groupes de pro femmes et hommes à dépasser pour me distraire la moindre (partis respectivement 8 et 10 minutes avant nous, mais sans combinaison). Même état d’esprit à la sortie de l’eau, « Youhou ! First out of the water, c’est bibi ! » avec un sourire de plus quand j’entends que le speaker m’a raté et annonce le groupe à Jean-Claude comme leaders age-group.

Frankfurt Swim Exit
Premier hors de l'eau, et avec le sourire!

Faux rythmes à vélo

Maintenant, fin de la matinée à la plage, la journée de sport commence avec son plus grand défi : se mettre dans le bon rythme à vélo. Ni trop vite pour ne pas se griller, ni trop lentement pour ne pas laisser filer l’objectif. Gérer ça se révélera certainement être un art à part entière. Pour le moment, pas d’excitations, avec 48’20 en natation je suis même plus rapide qu’escompté et peux partir serein sur le vélo. Deux femmes pros semblent partir ensemble juste devant moi de la zone de change et je me cale donc dans leur rythme jusque dans Francfort. Les watts sont bas à mon goût et l’effort me paraît presque trop facile, mais j’en profite pour bien boire et manger. Un choc en passant les rails à traverser en arrivant en ville me fera perdre deux gels (oups) mais sinon tout va bien. A la montée, je décide de passer devant enfin et me mettre dans mon rythme. Déjà 20km de fait, le tempo a été un peu lent mais c’est déjà ça de gagner sans même l’avoir vu passer.

Frankfurt Bike
Check rapide des gels perdus.

Passage des pavés avec un diablotin style tour de France qui me suit sur la petite montée. Sympa l’ambiance, mais purée qu’est-ce que ça tape. Je m’en serai bien passé à vrai dire. Et encore plus 10km plus loin en remarquant dans mon ombre que mon porte-gourde arrière (derrière la selle) à bien souffert : le boyau de rechange est loin et la gourde d’isostar ne tient plus que par une visse. Je l’enlève donc pour la mettre dans la poche dorsale de la trifonction et ferai une bonne série de kilomètre avec une gourde dans le dos.

Rien de bien spécial sinon à signaler sur ce premier tour. Je garde un rythme constant, toujours sur les barres, sans forcer les descentes. Tous les carrefours sont bien sécurisés et indiqués par des bénévoles avec la présence fréquente de la police. Par contre, il y a moins de spectateurs que je ne m'étais imaginé et  très peu de « trafic » d’autres concurrents comme on le voit souvent sur les photos ironman. Peut-être suis-je trop à l'avant? A la fin du tour, je revois plusieurs supporters du Rushteam auxquels je peux faire un pouce en l’air ; tout va pour le mieux et si mes calculs sont bons, je suis plus que dans les temps.

Frankfurt Bike
La moitié de fait, tout va bien.

A la descente sur Francfort, Mike Schifferle me dépasse alors que je suis en position aéro sans pédaler. Je suis à distance avant de comprendre sur le plat que c’est tout un groupe avec quelques pro (dont lui) et plusieurs des premiers age-groupers qui roulent ensemble. Je me mets dans le pack également, ça roule plus vite que moi seul avant mais ce n’est pas extrême. Si moi et d’autres essaient de laisser les 12 mètres réglementaires, il faut bien avouer que ce n’est pas le cas de tous. Dès que la distance avec celui devant dépasse 7-8m, le suivant de derrière dépasse à son tour de peur que je ne laisse partir le groupe. Dans les faux-plats il me faut parfois faire des efforts pour suivre, tandis que dans les montées je prends facilement la tête avec parfois même un peu de marge. Éventuellement, avec plus d’expérience, je m’habituerai à rester plus constant sur l’effort peu importe le terrain, mais là je suis content de changer un peu et les montées ne me semblent pas difficiles du tout.

Les kilomètres défilent ainsi et mon redouté coup de mou à vélo vers 120-130km ne vient pas. À 150km je finis par laisser partir le groupe dans une des attaques du premier devant qui n’aime pas trop avoir sa cohorte de bébés canards dans la roue. Moins de trente kilomètres à tenir avant le marathon. Je ralentis presque malgré moi le tempo et me fais alors passer par une des premières femmes. S’il me semble me relever de mes barres un poil plus souvent maintenant, j’ai malgré tout bien passé ces 180km. Arrivé à heartbreak hill, je pense encore à prendre un gel au ravitaillement pour remplacer ceux perdus du début et m’élancer en forme sur le parcours pédestre.

Un marathon, ça ne peut pas être si dur ?

Frankfurt Run Start
Paqueter les gels pour la course.

Plus qu’un marathon ! Si ça continue comme ça, l’ironman c’est du gâteau. Mais je sais que ça ne va pas continuer comme ça tout du long. Les cuisses sont déjà bien entamées (me décidant même à la dernière minute de passer la jambe par devant pour descendre du vélo afin de ne pas avoir à la lever par-dessus la selle) et les réserves énergétiques aussi. Bien que les jambes sont lourdes, le moral est là et le chronomètre aussi. 25’ d’avance sur le plan sub-9, et un « c’est dur mais ça va » lancés aux accompagnants comme réponse vite faite. Mon idée, peut-être folle, est alors simple : ne jamais s’arrêter marcher et ainsi le marathon passera plus vite.

Un kilomètre, deux kilomètres, trois kilomètres, … il fait déjà chaud et la glace des ravitaillements suffit à peine à combler mes dépenses en chaleur. Un regard à la montre me dit que je suis trop lent, quoi ? 4'40/km pas possible. Bon je continue sur ce rythme, de toute façon je serre déjà les dents, plus vite ce serait impossible. Je ne m’en rendais pas forcément compte à ce moment-là mais il me faut profiter du parcours vide, des spectateurs entièrement à notre cause et des ravitaillements faciles à prendre. La foule des tours suivants les rendra nettement plus compliqués.

Frankfurt Run
Course à pied, "c'est dur mais ça va".

Passage sur les pavés de la sortie de la T2, nouveau regard à la montre, 42’ quelque chose. Oupsla, un peu emballé sur ce départ. Même si la vitesse instantanée est toujours fausse (la montre n’a en fait pas bien pris les GPS), je dois être dans les 4’00/km ou à peine plus, soit un marathon en 2h50. Sauf que je crains fort que ça ne va pas tenir. Heureusement, je vois beaucoup de monde du Rushteam et ça fait un bien fou. Vers 15km les difficultés apparaissent et il me faut alors parler à quelqu’un. Maman et Nadine m’encouragent si fort que je ne peux rien dire de plus qu'une grimace, ce sera donc David qui se prendra mes complaintes un peu plus tard sans pouvoir trop broncher. J’ai mal aux cuisses, fait trop chaud, j’ai envie de vomir, c’est dur, … Désolé David, je ne sais pas si ça t’a fait du bien mais il me fallait vider mon cœur et comme je ne courrais pas beaucoup plus vite, j’ai bien eu le temps de le faire.

Frankfurt Run
Dans le dur, voire très dur.

Deuxième tour, 1h31, soit 49’ pour ce tour et 7’ de perdues sur le premier. A ce rythme-là je perds encore un quart d’heure. Non plus même, parce que je ralentis. Quoique 1h31 fois 2, ça fait mes 3h. Mais avec mon style actuel, ça ne va pas jouer. Les calculs mentaux ne sont plus très aisés et y réfléchir me fera passer un ou deux kilomètres supplémentaires. Plus de regard à la montre depuis ce moment-là, je suis de toute façon plus lent que mon planning et plutôt en mode survie qu’en mode course. Dans le tour et demi suivant, tout passera : tuc, pomme, eau salée dans les yeux qui pique les lentilles, citron au sel, coca, iso, ainsi qu’un gel et une pâte de fruits que je transportais. J’ai dû laisser tomber également l’idée de ne pas marcher aux ravitaillements, mais au moins je cours entre chacun. Mine de rien, ça fait sa différence et petit à petit les kilomètres avance. Sur le dernier demi-tour j’aperçois avec plaisir Jean-Claude qui suit pas loin derrière (tandis que papa a dû lui déjà quitter la course). Il peut courir donc malgré son pied ! Allez, quelques grimaces de plus et la fin approche. Après avoir revu et dépasser la casquette en arrière d’un autre concurrent de ma catégorie, le dernier kilomètre me semble un sprint interminable avec un style plus que questionnable. Aucune idée si cela vaut la peine avec ce rolling start où je suis parti plutôt devant. Je n’aurais pas profité de la ligne autant que d’autres mais j’aurais donné ce que j’avais, pensais-je en regardant l’affichage qui passe les 9h00’40 avec une certaine déception.

Agitation post-course

Frankfurt Finish
Sprint de la ligne d'arrivée.

Arrêt de la montre personnelle, 8h51’ ; il ne me faut pas long pour comprendre alors que le temps était encore celui des pros. 8h50’42, temps officiel. Sub-9 largement atteint malgré un marathon en souffrance en 3h15. Youpie !

Des souvenirs bien mélangés et surtout des envies très contrastées après la course. D’abord, la charmante demoiselle au T-shirt vert pale qui me propose un tour chez les samaritains pour mes cloques lorsque j’enlève les chaussures avant de se raviser et m’amener plutôt manger et boire. Red-bull cola que je déguste assis dans une piscine d’eau froide. Enfin, déguste, plutôt me force à avaler une partie de cette pisse brunâtre ragoutante tout en toussant. On n’est pas bien là, je ressors voir papa, Jean-Claude, puis maman et Nadine. Pareil à la douche, où le regard désespéré échangé avec un autre concurrent, les deux à poil au milieu des escaliers, disait plus que tous les mots; et dire que j’apprécie l’eau chaude après avoir souffert des 32°C sur le marathon. Pareil au massage, où j’ai mal aux cuisses, mais demande de masser mon tendon d’Achille gauche. Pareil à la bouffe, où les wienerli du buffet semblent avoir du succès, mais moi je sors m’acheter un bretzel à une boulangerie de quartier. Dès que je m’arrête, je m’assieds ou me couche pour reposer les jambes. Malgré tout, je ne tiens pas en place ; aller chercher à manger ou boire, aller voir l’arrivée des autres, retrouver des supporters, chercher mon natel et répondre aux quantités de messages reçus, parfois il me faut une excuse pour bouger comme si cela ferait oublier les douleurs.

Leçons pour un ironman

Objectif sub-9 réussi pour Jean-Claude et moi, génial !

Frankfurt Podium Swim
Podium, en tant que meilleur nageur AG.

Pour moi en plus, la qualification pour Hawaii et les championnats du monde. Pour un premier ironman, quelle réussite ! Ironman sous les 9 heures, check. Premier sorti de l’eau, check. Deux fois appelés sur le podium le lendemain midi, check. Qualification pour Hawaii, check. Qu’est-ce qu’il reste à améliorer? Beaucoup, mais principalement gérer les envies d’aller toujours plus vite pour ne pas craquer sur la fin et courir un marathon avec une technique potable (j’ai vraiment l’impression d’avoir vécu un combat, pas une course à pied). Plein d’autres détails également, évitables avec un peu d'expérience, mais il faudra un peu de temps pour digérer tout ça. Tout comme pour faire un plan pour être en forme et remettre ça d’ici 3 mois.

Merci à tous ceux qui ont partagé cette formidable aventure, tous les copains d'entraînement, autres concurrents qui ont souffert avec nous, supporters, ou amis qui ont pensé à nous.

1 comment
Que dire sinon que je reste bouche bée devant vos exploits les gars !!! Un grand BRAVO pour la qualif pour Hawaï et les championnats du monde ! Gardez le sourire et votre joie de courir, vous êtes au TOP !
par nibel64 the 25-08-2017 at 09:21


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IM Frankfurt

A longue épreuve, longue attente, et longue news (note: clic sur une image pour ouvrir en grand). Un Ironman nous attendait le dimanche 9 juillet, pour le jour de nos 25 ans, avec une belle délégation du Rushteam. 3.8km de natation nous faisant bien peu peur comparé aux 180km de vélo où la longueur et lassitude guettaient ainsi que le marathon final que la température et fatigue préalable allait rendre difficile.
Niveau préparation vous avez sûrement suivi les news précédentes: ie pour ma part une natation où j’ai rarement porté la néoprène, misé sur ma bonne glisse générale et pensé perdre un peu de temps sur mon potentiel pour sortir de l’eau en 55min et passer sous l’heure en comptant les deux changements. Un vélo avec beaucoup de sorties longues où j’ai souvent calé aux alentours des 100-120km et me suis donc forcé à manger beaucoup. Une course à pied marquée par deux incidents de prépa : une contracture à la cuisse en début mars ainsi qu’une fracture de fatigue “low-grade” à 8 semaines de l’iron qui m’a tenu loin des baskets pour bien 6 semaines…
Au total quelques 220km de natation, 4300km de vélo de course et presque 1000km de running derrière moi en approchant de la ligne de départ. Un volume rarement égalé, le fond est là, yapluka.

Frankfurt

Pasta d'accueil
Pasta d'accueil.
Si le stress était encore contenu avant la course, n’en reste pas moins que l’arrivée à Frankfurt change un peu la donne. Il faut prendre ses dossards, assister au briefing, aller à la pasta d’accueil, et ce faisant rencontrer tout ce monde venu soit pour vous voir soit pour courir contre vous. Je suis toujours pas sûr de la passer moi, cette fameuse ligne d’arrivée, avec mon maximum de 10km à pied, ce mardi, sur les deux derniers mois.
Plus on approche de l’heure fatidique et plus moi je me referme. Je tente de blaguer un peu pour détendre l’atmosphère, mais d’un côté qu’est-ce que je me réjouis du top départ et de pouvoir enfin montrer ce que je sais faire.
On va poser les vélos, qui passent pas sous les barres de rack, combien on gonfle nos boyaux?, et si on nageait un poil?, on peut rentrer se mettre à l’ombre?. Vivement les dernières pâtes, un morceau de gâteau sport maison, dont suivra un sommeil incertain et comblé de mauvais rêves de problèmes vélos.
Reconnaissance natation
Reconnaissance natation.

D-Day

Matin du 9 juillet
Matin du 9 juillet.
Matin de course, 3h45, l’hôtel Ibis Centrum bouillit déjà d’excitation. Au déjeuner c’est la file pour enfiler une tartine dans un estomac un peu serré, avec de petits yeux. Je me sens assez bien. On s’en va prendre des navettes surchargées, où je trouve une place assise, mais seul loin de Daniel, David, Kaizad et Judith qui semblent discuter. Oh mon dieu que le trajet est long, à regarder Frankfurt dormir et des milliers de triathlètes nerveux se diriger vers le Langener Waldsee. Un malaise dans le bus, il y fait très très chaud. Dehors la température est plus fraîche, un peu de rosée à recouvert nos selles de vélos, dont premier check, les boyaux tiennent toujours (ouf!). Trop de monde à la pompe, 9 bar du jour précédent suffiront donc.
Contrôle du sac de transition, où j’ajoute les lunettes oubliées la veille, et longue attente avec le groupe devant la zone de change, avant d’enfiler les néoprènes. L’eau est à 24.1C, soit juste en dessous du cut-off pour l’interdiction. Si nager sans m’aurait avantagé par rapport à des concurrents directs, nager avec me donne un poil de marge pour l’objectif sub9, et je suis plutôt venu ici avec l’idée de faire un temps qu’une place. Voir Joël et Hervé rassurés me donne aussi un petit sourir, le groupe Rushteam préférait overall la combi alors je vais pas me plaindre.
La joie de retrouver une supportrice quelques minutes avant le départ.
La joie de retrouver une supportrice quelques minutes avant le départ.
Je vais dans l’eau m’échauffer. Enfin soyons honnête, faire le pipi du stress à 10m du bord, vérifier que les épaules soient bien remontées et ressortir immédiatement. L’échauffement se fera au début de la natation, elle est suffisamment longue. Et là je perds tout le monde, navigue au hasard dans la foule, panique un peu de savoir quand rejoindre la ligne, me demande pourquoi je suis là, et si je battrais vraiment >95% des autres athlètes comme prévu. Je retrouve Estelle et le reste de nos supporters, quel plaisir de voir qu’on est pas seul. Ils auront une longue journée aussi, et ils font ça pour nous, s’agirait de pas les décevoir.
Nerfs tendus avant le départ.
Les nerfs tendus avant le départ.
Ligne de départ.
Ligne de départ.

Natation

Sur la ligne la tension est palpable, notamment au moment de l’hymne national allemand. Pas de fameux “final countdown” qui m’avait marqué lors du premier iron de papa, mais quelques musiques qui ont la bonté de faire monter les pulses malgré le peu d’échauffement.
Après les pros masculins, puis deux minutes plus tard les féminines, vient notre tour de s’élancer dans la gouille. Un roll-down start dont le concept me plaît assez peu, mais qui il faut le dire est bien organisé. Quelques pas de course, boum dans l’eau, et déjà dans les pieds de ceux de devant. Je dépasse par la gauche, Daniel par la droite, et après avoir contourné un groupe Daniel semble déjà loin. Moi je me retrouve avec deux autres nageurs, monstre ligne droite nous attendant, le kayak à ballon rouge pas bien loin devant. Mes acolytes semblent vouloir se taper la dispute, ça m’énerve un peu alors je laisse passer et me cale dans les pieds.
Premier demi-tour après bien 500m, rien à signaler ça s’est déjà fortement étiré.
Sur le retour j’ai l’impression que ça zigzague un peu, et prend donc ma direction pour sortir juste devant eux à l’australienne. Re-plouf et devant ils sont loin, pas la peine de s’énerver. Derrière on me tape des pieds, après quelques temps je laisse repasser, me dis que quitte à perdre quelques minutes c’est des forces qui me seront utiles plus tard dans l’après-midi.
Je m’efforce donc à glisser un maximum, me réjouis d’entendre les spectateurs à la sortie de l’eau. On remonte bien sur des pauvres pros sans combi qui se font déposer par les meilleurs AG.
Sortie de l'eau de Jean-Claude.
Sortie de l'eau de Jean-Claude.
Sortie de l'eau de Daniel.
Sortie de l'eau de Daniel.
En me relevant un coup d’oeil rapide à la montre me donne 50min47, joli! Course en montée dans le sable jusqu’à T1, petit passage dans la piscine gonflable pour enlever le sable, prendre le sac et courir jusque sous la tente. Tout s’enchaîne bien, alors qu’il me semblait devoir penser à mille choses la veille. La combi loin, le casque enfilé, les lunettes de soleil aussi, le dossard à la taille. La combi de retour dans le sac avec un poil de peine, et c’est parti direction le vélo. Je vois pas grand chose avec des lunettes pleines de buée mais ça passera en quelques mètres. Course en poussant le vélo filmée par une gopro d’un volontaire et hop c’est parti.

Vélo

Daniel à vélo
Daniel à vélo.
Une fois sur le vélo, et passé la sortie de forêt en mettant les chaussures et faisant attention aux racines, c’est sur une semi-autoroute vide à perte de vue que je me lance. Se mettre dans le rythme, sans trop forcer, en visant tout de même ses fameux 36-37km/h espérés. Puis je me dis qu’au fait rien ne sert de viser une vitesse, il vaut mieux y aller comme prévu au feeling, en checkant la puissance de temps en temps, et les kilomètres passeront bien comme il faut.
A l’approche de Frankfurt deux femmes pros me dépassent, puis ralentissent énormément devant des mini-virages (pourtant je suis pas spécialiste!). Ensuite elles se draftent semi-légalement (ie plutôt 7m que 12m), ce qui a le don de m’agacer. Un petit groupe avec deux-trois autres athlètes se forme, heureusement il explose dans The Beast. Une bosse qui m’a pas l’air d’en être vraiment une tellement elle passe vite et facilement, même si le compteur s’affole un peu avec quelques bouts au-delà des 350W. La descente est facile, mais je me fais reprendre quand même par 2 athlètes. Damn faudra que je progresse, mais aujourd’hui ça sera repos et sans agitation. Hühneberg suit peu après le passage pavé de The Hell, qui secoue bien. La bosse est à nouveau bien rodée chez moi, les jambes ont du répondant. Dans la descente je suis moins à l’aise et regrette un peu de sortir des barres une fois. Sur le plat derrière premier check, je suis bien, 250W de moyenne, la vitesse est ok voire un poil plus vite que prévu. Premières cloques sur l’intérieur de la cheville, bizarre mais pas plus gênant que tant.
Daniel en descente vélo
Daniel en descente vélo.
Km 57 les choses changent drastiquement lorsqu’un groupe de 6 athlètes dont 2 pros masculins me reprend et peine à me dépasser. Mike Schifferle reste même derrière moi pendant un bon bout. On passe le demi-tour et entame la rentrée sur Frankfurt. Ça roule vite mais j’aimerai bien rester avec, d’autant qu’il y en a deux de mon age group. Je trouve bizarre que ça roule mal en montée, fort sur les faux-plats et relances. En descente alors que je tire derrière en laissant la distance certains les font en roue-libre à 5m de celui de devant. Pas très réglo tout ça. Très peu d’arbitres, qui en plus ne disent absolument rien quand ils nous dépassent.
Ça va trop vite, je le sens ensuite, mais quelque part je voudrais bien ne rien lâcher. Km95 la bosse finale de HeartBreak Hill arrive, elle semble plus une petite rampe gentille avec élan qu’autre chose, mais ça fait du bien de voir du monde au bord d’un parcours quasi-désert. Le groupe se défait un peu, ça attaque dans la descente, comme s’ils continuaient leur jeu de se lâcher si possible et de rouler tranquille sinon. Moi j’en ai assez, puis fait l’erreur au pied de la bosse de tenter quelques kilomètres rapides pour revenir, les voyant pas si loin devant se reformer autour de Daniel, mais sans succès. Ça sera tout de même presque 40 bornes à 270W de moyenne, soit trop. Je souffre alors, décide de ralentir le tempo, de bien manger, de m’asperger à tous les ravitos, de boire plus que prévu, et de rouler posé sans efforts autour des 220W. J’aurai peut-être mieux fait de rester à 250 tout du long, mais dans l’adrénaline de la course je me suis laissé emporter. S’agit maintenant de contenir ses efforts, de préparer le marathon.
Daniel relax à vélo
Daniel relax à vélo.
Les kilomètres défilent toujours, c’est une bonne chose. J’ai un peu peur de ne plus passer sous les 5h, mais c’était juste une erreur de calcul mental. Revenir sur HeartBreak Hill me fait du bien, ça permet de se dire que c’est tout de suite fini. Je me suis un peu déçu dans les descentes à ne pas être le plus aéro et perdre du temps pour rien, mais sinon apprécie énormément un parcours facile et rapide, et trouve bien gérer le passage de moins bien. Tellement bien géré même que je retrouve des forces sur la fin, et me réjouis de revenir sur T2. 4h46 de route, quelques minutes de grappillées sur le planning.
Jean-Claude à vélo
Jean-Claude à vélo.

Marathon

Jean-Claude à pied
Jean-Claude à pied.
C’est pas juste une course qui nous attend ensuite, mais bel et bien un marathon. Si depuis Lucerne j’en ai plus trop peur, il faut dire que je n’avais toujours pas la certitude de le finir en enfilant chaussures, visière et gels dans la poche. Je me suis assis malgré mes dires d’avant course, et ai dépassé déjà trois concurrents sous la tente (ils faisaient un brushing?).
Jean-Claude passant devant les supporters
Jean-Claude passant devant les supporters.
En partant zut oublié d’enlever les lunettes. Bon ben tant pis elles resteront sur le nez jusqu’à l’arrivée. Je me sens bien, sauf que j’attaque un peu plus du talon que prévu. A la montre ça va trop vite, sous les 4min par kilomètre. Ralentir ! Ou plutôt l’inverse 3’50, stop ! J’entrevois Daniel devant, je cours toujours trop vite en reprenant des concurrents. Arriverais-je à ralentir ?
Daniel entamant une nouvelle boucle
Daniel entamant une nouvelle boucle.
La blessure au tibia me vaut quelques frayeurs rapides à 5km, avant de disparaître complètement. Les kilomètres défilent, je suis parti pour 8h30 à ce rythme. Je ralentis finalement pour me mettre au rythme de 3h au marathon. A chaque ravito c’est pareil, tout en courant, eau, iso, eau, glace ou éponges. Premier tour bouclé rapidement en 43min, le deuxième sera similaire mais plus contenu. Je me réjouis du nombre de supporters le long du chemin, regrette les 32C du soleil qui commencent à taper fortement sur le système, et le nombre de concurrents qui commence à augmenter et rendre le passage aux ravitos sans freiner plus difficile.
Jean-Claude arrivant dans le dur à pied
Jean-Claude arrivant dans le dur à pied.
Peut-être que ne rien manger de solide était au final une erreur ? Dur à dire, mais en tout cas le ventre avait de la peine à prendre les gels sur ce marathon, et je vais le payer cher à partir du km 23. Peu après le passage au semi en 1h28 et des poussières, je commence à marcher aux ravitos pour essayer de retarder l’arrivée du “bonk”. Un peu de coca en plus, de l’eau salée. Footing entre ravitos et marche pendant sera ensuite mon régime. Cette ligne d’arrivée s’approche désormais de plus en plus gentiment. Je vois ma montre passer au-dessus des 5min/km, et arrête donc de la surveiller. Désormais c’est de la survie, je mange tout ce qui traîne sur les tables, mais toujours pas mes gels. Sauf un, le dégueulasse orange reçu à Nyon l’année passée. Celui qui était avec moi à vélo pour changer le goût si jamais je suis dans un trou. Et voilà que subitement il est bon. Je mettrai ma main dans un assiette de sel, mangerai un bout de bananes, des bretzels salé, un tuc, deux bouts de citron au sel (sans tequila), tenterai le redbull mais le recracherai juste à côté d’une bénévole qui a la bonté d’en rire. Coca à tous les ravitos, marche à tous mais jamais entre deux.
Jean-Claude et des supportrices
Jean-Claude et des supportrices.
Dieu sait ce que ces tours sont longs, et qu’on se réjouit d’y rencontrer la foule de supporters rushtistes. Parfois je souris, parfois je tire la langue, souvent je pense à dire merci mais n’ai pas la force de formuler le moindre mot. C’est un combat que ces derniers kilomètres, il faut aller les chercher ces chouchous colorés au fin fond de la boucle le long du Main.
Daniel expressif à pied
Daniel expressif à pied.

Arrivée

Jean-Claude approchant l'arrivée
Jean-Claude approchant l'arrivée.
Et puis voilà. Km 40 je réalise que ça va le faire, en sortant du dernier grand ravito. Un coup d’oeil furtif à la montre me laisse le temps d’y arriver à condition de faire du 6min/km… Laaarge ! Je retrottine de plus en plus vite, me semble enfin repasser du monde. Continue à encourager les quelques rushtistes croisés le long du passage. Bifurcation sur la droite, lunettes enfin sur le front, combi refermée, bras écartés pour taper dans le plus de mains possible. Pas de “You are an Ironman”, mais je le suis bel et bien. Sub9 ! Dire que je pensais ne pas finir il y a de ça 10 jours. 8 heures 56 minutes et quelques poussières après s’être élancé dans l’eau, un marathon juste juste sous les 3h15 (mon premier objectif en s’inscrivant une année plus tôt, avant de le revoir à la hausse pour 3h00).
Daniel sprintant le road-to-Kona S
Daniel sprintant le road-to-Kona S.
Jean-Claude profitant de l'arrivée
Jean-Claude profitant de l'arrivée.
Je suis effondré par terre quelques mètres derrière la ligne quand ma bénévole me demande s’il faut un médecin. Plutôt du sucre oui. Elle reviendra peu après avec de l’eau et des éponges… Merci mais ça me déçoit. Il faut se relever, marcher, retrouver papa et Daniel au bord du stand coca, tremper les pieds dans un piscine froide. Je commence à grelotter malgré la chaleur accablante. Alors c’est passage à la douche, qui pour une raison que j’ignore se trouve au sommet de 5 marches d’escaliers. Quelle idée ! J’y reste bien 10min, pour me réchauffer à bout de forces (confirmant ma théorie d’entraînements que plus l’effort est difficile plus la douche doit être chaude derrière).

Post-iron

Supporter les copains
Supporter les copains.
La journée est loin d’être finie, entre massage, radler qui me laisse mal à la tête, wienerlis succulentes, retrouver les supporters, re- manger, regarder les arrivées des copains, retrouver les affaires, rentrer à l’hôtel, manger et enfin se poser sur le lit vers 1h le lendemain matin. Pour ne pas dormir, trop excité de la journée qui vient de s’écouler. Je rate la place pour Hawaii d’un slot, Daniel ira donc seul de son côté. Le pied refait un peu mal, les cuisses sont lourdes pour 4-5 jours, mon “rest heart rate” approche les 70bpm.
De cet iron j’en garderai plein de souvenirs magiques, j’ai adoré le vélo où j’avais si peur de craquer, fait un temps au-delà de mes espérances en nageant avec des sensations moyennes, et bien explosé à pied où sans la blessure j’aurai été super confiant mais avec je me demandais si je finirai ou non la course. Comme on me l’a dit dans la préparation, à l’ironman il faut “expect the unexpected, and be prepared to be surprised”. Que des marines aient inventé le sport ne m’étonne pas, on a tous eu un moment où on en chie, mais quelque part on apprécie ça et on en redemande.
Il y aura beaucoup à analyser je pense, où gagner sur l’aérodynamisme vélo, comment retenir la leçon de patience que j’ai apprise alors, combien la charge d’entraînement à long terme importe bien plus que les deux derniers mois sont les premiers qui me viennent à l’esprit. Je m’y chargerai une fois la tête reposée, comme de placer les prochaines échéances d’une saison sûrement pas encore finie.
Mais tout d’abord, un grand bravo à tous ceux qui ont couru aussi, un énorme merci à ceux qui sont venus encourager et nous on porté le long du parcours orangé, et enfin mille remerciements à ceux qui ont écrit, regardé, pensé, félicité, traité ma blessure, redonné confiance, conseillé sur la course ou les entraînements, partagé un bout de ce chemin, aidé à la récupération, et toutes ces bonnes raisons pour lesquelles je suis fier d’avoir souffert physiquement comme jamais auparavant le jour de mes 25 ans...
Daniel meilleur nageur AG
Daniel meilleur nageur AG.
Buffet de podiums
Buffet de podiums.
Daniel prenant le slot pour Hawaii
Daniel prenant le slot pour Hawaii.
La banderole Rushteam
La banderole Rushteam.
Carboloading
Carboloading.
Banderoles de supporters.
Banderoles de supporters.
La fatigue s'accumule en fin de journée...
La fatigue s'accumule en fin de journée...



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Short distance Zug

Lundi il y a deux semaines, soit un jour après ma victoire au longue distance de Doussard, je me suis inscrit pour le short (hum, Tri Experience que ça s'appelle apparemment dans leur rebranding du circuit) de Zug. Pas un gros objectif pour moi, mais l'envie de le prendre comme un bon exercice de contre-la-montre sur 40km à vélo sans être forcé de trop courir derrière ou avoir trop de pression et me sentir obliger de baisser la quantité d'entraînement la semaine précédant la course.

Le matin, papa, maman et Jean-Claude partent aux aurores à vélo pour rejoindre Zug depuis notre appartement de Zürich tandis que moi je prends la voiture sur une autoroute déserte pour arriver sur place quelque peu trop tôt (ie, les arbitres sont encore aux croissants). J'ai au moins le temps de poser gentiment mes affaires et causer un peu avec Stefano, couroter avec Colin, ou saluer les autres que je connais ici et là. Contrairement à Doussard, je prends plus le temps de m'échauffer et nage un peu plus avant le départ. S'il me faut 500m à me mettre dans le rythme, la partie natation sera déjà finie sur un triathlon si court...

Premier de l'eau... quatrième sur le vélo

J'essaie de faire un départ natation relativement rapide mais me fais un peu chambouler par deux concurrents à ma droite qui visent la mauvaise bouée. Je dois donc passer sur le dos du deuxième avant de pouvoir remettre du rythme et rejoindre un petit groupe qui semble mener alors. Peu après je me retrouve à l'avant de ce groupe et ai de bonnes sensations, le canoë à vue de nez chaque fois que je lève la tête. Je nage pour moi peu m'importe qui suit ou ne suit pas. Bientôt cette fameuse bouée déjà, un peu plus qu'un quart de tour à droite et direction la sortie (avec un petit détour au passage, ne la voyant pas bien avec le soleil en face). Extirpé de l'eau, je me dirige vers mon vélo pour prendre mes affaires et enfourcher ma bécane.

Même si je réussis mieux ma transition que la dernière fois, ce n'est toujours pas brillant par rapport à mon expérience et je me fais dépasser par mon petit groupe de poursuivant dans la T1. Je monte toutefois sur mon vélo tranquillement et prends les pavés pour sortir de la vieille ville avec douceur.

Lancer la machine sans penser à la suite

Une fois sur la route, je bois une petite goutte et commence à enfiler mes chaussures. Rapidement je reprends un des trois autres, puis le deuxième. Pourtant en sur-régime, il me faudra malgré tout plus de 5km avant de dépasser le jeune Tahlmann qui envoie du lourd sur les cocottes de son vélo de route (tandis que moi j'essaie de m'appliquer et me faire tout petit en position sur mes barres). S'en suit une longue partie seul à suivre la moto ouvreuse et regarder le compteur de watts pour me motiver à envoyer toujours plus. Je me suis dit que si j'arrivais cuit en fin de vélo, ça ne ferait que m'exercer pour Francfort, et ainsi je verrai premièrement combien je tiens à vélo en partant fort et deuxièmement les sensations de courir sur des jambes détruites. Seules règles: quitter le moins possibles les barres et beaucoup boire.

2017 Zug: bike
40km en position: but principal de mon triathlon aujourd'hui

Ainsi, les kilomètres défilent à un rythme d'environ 40km/h autour de ce lac de Zug tout plat. Il me semble être suivi encore vers la moitié du parcours sans être sûr s'il s'agit de mon poursuivant ou du cycliste qui s'est lancé sur la route au carrefour précédent. Je ne sais pas trop qu'en penser, j'ai certes diminué un peu le rythme après avoir eu limite le souffle court à 10km mais les sensations sont toujours bonnes et je continue de bien avancer. Ne pas trop y penser est alors la bonne solution, je suis là pour moi et me faire plaisir à vélo alors je continue à regarder la moto de tête et mon compteur et foncer sur la zone de change.

Et maintenant la course

2017 Zug: run
Départ à pied en tête

Descente du vélo tranquille pour ne pas répéter la chute d'il y a deux ans sur les pavés (j'ai réussi à choper un orteil bleu malgré tout... doit quand même y avoir un petit truc qui dépasse!). Passage à ma place en cherchant la moindre mon numéro, enfiler les chaussures et attraper la casquette comme à l'iron et los. C'est maintenant qu'on va voir ce qu'il reste. Et bien, étonnemment, plus que je ne pensais. Je m'efforce à garder le plus joli style possible aux sensations et à ne pas trop regarder la montre. Les sensations sont bonnes et les cinq kilomètres sont avalés à vue d'oeil. Peut-être pas mon meilleur temps sur la distance, et honnêtement je ne sais pas trop combien j'ai mis à cet instant, mais une chose est sûre je me suis senti bien tout du long, ce qui ne peut que me donner confiance pour Francfort... même si la distance sera quelque peu plus longue d'ici là.

2017 Zug: finish
Finish! Content de la victoire mais surtout des sensations.

Rendez-vous dans trois semaines (ew! ça approche sérieusement maintenant).



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Half-iron de Doussard

Half en France : bientôt une tradition ?

Ces dernières années, un half en France au mois de juin ou au mois de juillet a souvent été au programme du Rushteam ; même si pour être plus correct je devrais dire que nous nous joignons à ces sorties longues depuis quelques années maintenant mais qu’elles sont au programme depuis bien plus longtemps quand je vois Philip ressortir des posts-conseils de 2003 sur le forum. Toujours la routine ? Oui et non. Si les derniers se ressemblent sur certains points et la tactique générale utilisée, la préparation et les objectifs ont souvent étés différents. Il y a quatre ans à Troyes, il s’agissait de notre premier semi pour une expérience sur la longueur et la souffrance lorsque les kilomètres ne sont pas dans les jambes et que celles-ci ne répondent par conséquent plus après le vélo. Depuis là, la préparation s’est améliorée et les longs vélos sont devenus plus réguliers. Même si cela reste mon point faible, mon niveau s’améliore et cela se ressent très fortement sur le résultat final. Un meilleur vélo premièrement mais surtout la possibilité de courir comme une fusée droit derrière. Ça commence par Belfort en 2015 qui était mon objectif cette année-là. Une victoire surprise pour moi, jamais repris de la natation jusqu’à l’arrivée. Belle progression depuis Troyes et ce très rapidement. Viens alors l’idée d’enchaîner, un objectif sur un 70.3 « officiel » à Rappi suivi de la sortie club à Dijon. Si les deux s’achèvent sur la victoire, celle de Dijon s’est trouvée être bien plus difficile sur le vélo avec des sensations plus que moyennes. Ce sera finalement la course à pied qui me sauvera. Moi qui ai commencé avec Troyes par du 5:00/km de moyenne sur le semi me réjouis de voir que je peux tenir du 3:45/km pour refaire mon écart et reprendre la tête avant l’arrivée. Cette année, le half a encore plus un goût de préparation et de test toutefois en vue d’un objectif plus long encore : l’ironman de Francfort.

Préparation et sensations

Si pour moi la préparation se passe bien et que mes sensations de ces dernières semaines (voire mois) sont au mieux, on ne peut pas en dire autant de Jean-Claude ou papa. Les deux sont au bord de la blessure et ça me tiraille et déçois malgré tout aussi. Ce qui est beau dans la préparation d’un événement comme celui-là est avant tout de le faire ensemble et de voir chacun y arriver. Malheureusement, nous en avons tous fait beaucoup pour être le plus possible prêts afin d'atteindre notre but de temps fixé et parfois la limite entre beaucoup et trop est dure à jauger correctement ; avec ou sans signes avant-coureurs. Je suis content pour ma part de ne rien avoir eu de trop sérieux ou grave depuis un moment et de pouvoir ainsi tenir une bonne charge d’entraînement qui signifie une bonne forme générale. Mais je sais qu’il me faut faire attention également.

Quant à la course en elle-même, elle ressemble pour moi beaucoup à Dijon. Pas tellement de pression parce que pas un gros objectif et par conséquent pas une grosse préparation spécifique – du point de vue de repérer le parcours, on s’entend, les kilomètres et les enchaînements je les ai. Et la tactique est sue, vue, éprouvée : faire un trou en natation, prendre les 10km plus ou moins plats au début du vélo pour manger un truc et se mettre gentiment dans le rythme, bien tirer ensuite sur une grosse heure (ie dans ce cas la montée), ensuite essayer de ne pas trop subir de coup de mou et voir comment ça se passe niveau pelotons qui reviennent, puis finalement faire une grosse course à pied comme je sais que j’en suis capable. Si les copains me disent que je suis favori et que le speaker a tort de ne pas me connaître, au final je m’en fous – ou c’est même mieux ainsi. L’important est de se rassurer pour Francfort ; la pression je peux la laisser aux athlètes tricolores.

Tasse de thé ou boire la tasse ?

La natation, tasse de thé pour Jean-Claude et moi en général, a été un peu délaissée dans notre programme de cette année. Un ironman doit à peine savoir flotter en néoprène me suis-je entêté à répéter à Jean-Claude. Les quelques minutes que nous pouvons encore gagner sur la discipline nous demanderaient beaucoup plus d’investissement que le retour en comparaison de la progression qu’il nous reste à faire à vélo. Ainsi, je regrette un peu cette mentalité de fleur au fusil lorsque, pour ma première natation avec combinaison de l’année, les bras me semblent lourds et non-réactifs sur les premiers hectomètres dans le lac. Goups, un peu de sérieux, on se reprend. Je croise et dépasse Jean-Claude vers 400m en chemin vers la première bouée et en chasse-patate d’un échappé déjà relativement loin devant. Heureusement les sensations reviennent gentiment et je peux gentiment accélérer la cadence des bras. Au virage à droite, je suis déjà dans ses pieds et peu après je peux même prendre la tête et mener à mon rythme. Logiquement l’écart sur le deuxième n’est pas grand à la sortie mais au moins les sensations étaient bonnes sur toute la deuxième moitié.

Transition rapide jusqu’à enlever le haut de la combinaison avant de merder un peu sur le bas et sur l’attache du casque. Il me faut également faire très attention en poussant le vélo dans la boue du parc de change détrempé par la pluie ainsi qu’en montant sur le vélo. Filmé en continu que je suis par le cameraman officiel, je n’ai de loin pas fait ma meilleure transition. Pas si grave pour du long, il faut juste rapidement se remettre de ces premiers faux-pas pour rentrer enfin dans la compétition.

2017 Doussard - T1
Sortie de T1 vigilante

Excellentes jambes

Je me mets donc rapidement dans le rythme et « envoie les watts », souvent fixé sur mon capteur de puissance qui me dit que je suis un peu fou et vais finir cramé. Le cerveau n’en fait toutefois qu’à sa tête et se dit que si je mange mon gel au kilomètre 6 au plus tard tout ira bien. Ensuite, ça monte, monte encore un peu plus, et monte encore. Petite descente pour rejoindre un vallon, où je comprends déjà que certaines parties seront difficiles (pour ne pas dire dangereuses) à se frayer un chemin entre les voitures et négocier des virages parfois serrés sur des routes mouillées et un parcours inconnu. Toutefois, je garde un bon tempo et il me semble maitriser tous les passages même techniques. A force de rouler beaucoup plus en contre-la-montre, j’ai confiance et ça se ressent sur ma façon de mener les segments à haute vitesse. Après une partie plus ou moins plate, le parcours se remet à monter encore et toujours. Je pense à la description du speaker et notamment aux « bosselettes, pas des cols alpins ». Heureusement, qu’est-ce que ça aurait été sinon !?

A 35km arrive enfin le sommet et, après un petit bout dans la descente derrière, son demi-tour. L’occasion de voir que 3-4 concurrents ne sont pas loin derrière et que je risque de commencer à voir du monde bientôt. L’avantage est que je vois aussi les autres du club et ils sont nombreux à me dire un mot en passant. Pas vu Jean-Claude par contre, et ça c’est plutôt mauvais signe pour lui.

A ma surprise, je tiens encore toute la descente, la traversée du village et un bout de plat en tête avant que ce qui devait arriver arrive : un groupe de trois qui me passe ensemble ; pas de quoi dire qu’ils draftent mais ils roulent visiblement ensemble. Alors que d’habitude je laissais partir ce genre de groupe, j’essaie cette fois-ci de m’accrocher tant bien que mal – et ça fait plutôt mal. J’ai mangé un bout de barre juste avant et bien augmenté l’effort mais je ne tiens tête qu’au troisième qui est en train de laisser filer devant. Ensuite c’est même à mon tour de perdre petit à petit du terrain en partant en direction du deuxième demi-tour. Je me force alors à manger mon autre barre ; je n’en ai pas très envie mais je m’étais mis en tête de manger plus de solide en prévision de l’ironman et il faut parfois respecter le plan. La victoire est perdue ? Peut-être pas au vu de l’expérience à Dijon mais peut-être bien quand même vu l’écart qui doit être important et mon rythme qui a sensiblement baissé. Je n’aperçois d’ailleurs plus personne même sur les longues lignes droites du retour. Allez ! plus qu’à tenir ce bord de lac et ensuite je pourrais poser ce vélo ; c’est mon unique motivation du moment.

Course d’enfer

2017 Doussard - càp
Départ càp (© Vagnotti Bruno)
2017 Doussard - càp
Départ càp (© Vagnotti Bruno)

A Dijon j’avais vu combien il est important de revenir vite sur la tête pour jouer la gagne et j’ai bien l’intention de retenter l’expérience en arrivant en zone de change. Quitte à exploser s’il le faut, ça m’apprendra à courir sous la fatigue comme en fin d’ironman me dis-je alors. Ni une ni deux, je pose le vélo, enfile les chaussures, visse ma visière sur le front, et embarque deux gels pour les 18km restants. Zick-zack, même moi je n’ai pas vu cette transition passer que j’enchaîne déjà une belle foulée. Les sensations sont là, alors on y va !

Le premier bout est un peu difficile avec l’herbe et le gravier, tout comme de voir les deux autres concurrents bien loin devant mais je sais par Jean-Claude et maman n’avoir que 2’30 de retard et que cela est rattrapable. Au panneau des 3 kilomètres, un petit coup d’œil à la montre me donne 10’20. Je l’ai démarrée un peu tard mais ma sensation d’aller vite se confirme au chrono. La distance sur la tête fond également à vue d’œil et me conforte dans mon idée de continuer sur un rythme presque suicidaire. Le parcours monte alors un peu en bord d’une petite rivière et je profite d’un ravitaillement pour manger mon premier gel. J’ai déjà repris une place alors et peu après le début de la descente, j’ai le contact visuel continu avec le vélo de tête. Pour le moral c'est excellent, elle sera à moi cette tête. Mentalement déjà maintenant et en pratique à partir du kilomètre 7. Pas le moment pour moi de baisser le rythme pour autant, je tiens jusqu’où ça ira comme ça et on avisera ensuite.

2017 Doussard - càp
Passage au kilomètre 9, déjà bien entamé mais en tête.

Je croise alors Jean-Claude au kilomètre 9 et sais que l’écart sur mes poursuivants est déjà important. La victoire ne devrait plus m’échapper même si je ne tiendrais pas la même ferveur jusqu’au bout. Les nombreux rushtistes que je vois sur ma deuxième boucle m’encourage alors et je tâche de faire pareil même si parfois avec moins d’entrain. Au passage du panneau 10km, la montre indique 35’30. Fou ? oui – et pourtant, mes muscles l'encaissent encore pas si mal. Je dois certes ralentir le rythme sur la fin mais je tiens un bon 3’40/km de moyenne en général et c’est très réjouissant.

2017 Doussard - càp
Finish(© Vagnotti Bruno)
2017 Doussard - càp
Finish(© Vagnotti Bruno)

Une belle course par conséquent et un test de forme plus que réussi. Reste à bien gérer les dernières semaines avant Francfort – et tenir les pousses pour que tout se passe bien d’ici là comme le jour J.

2017 Doussard - càp
Podium, un peu petit mais avec le sourire... (© Vagnotti Bruno)



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Half-iron de Doussard

Après nos dernières nouvelles du TDFO, suivant deux semaines sans douleurs à la cuisse gauche, un incident de parcours s’est produit pour ma part, à moins de deux mois de l’échéance de l’année à Frankfurt : une douleur aussi subite qu’insistante lors de la séance de course du mardi soir. D’abord comme une crampe au mollet droit, puis qui ne s’améliore pas le soir même. Arrêt immédiat de la série. Le lendemain matin au réveil à 6h presque tombé dans les pommes, la douleur est persistante, et je renonce à la natation. Les jours suivants n’apporte que peu de réconfort, et je crains fortement une fracture de fatigue.

Si maintenant presque trois semaines plus tard le diagnostic n’est toujours pas clair, entre médecins planchant plutôt pour quelque chose de tendineux, kiné pensant à l’os, ou peut-être la veine, physio perplexe devant la situation, et des avis divergents de toute part, le mal est toujours présent par vagues, l’intérieur du tibia juste au-dessus de la malléole souvent rouge et enfle sans bandage, aucun pas de course à l’horizon, et ne serait-ce que ma participation à l’iron ressemble plus à du miracle que le plan bien exécuté jusque-là ne le laisserait paraître.

Doussard, qui se présentait alors comme une course de préparation à 5 semaines du terme, tient alors ce goût spécial de la course dans laquelle je ne serais jamais, de la compétition vécue officiellement comme un compétiteur mais dans la tête de l’extérieur, avec l’envie parfois de tout recommencer à zéro, en retenant une larme au coin de l’œil.

Il reste toutefois 5 semaines (si peu ; mais à la fois, peut-être, sait-on jamais, beaucoup), et donc il faut quand même revoir la gamme, et laisser voler le mince espoir de voir cette ligne d’arrivée qui m’a tant motivée depuis septembre passé.

Annecy
Ville d'Annecy le samedi.

Je pars ainsi samedi sur Annecy avec le Rushteam avec pour ambition de nager et rouler, ça devrait passer, d’écouter le corps et d’arrêter à la première douleur ; comme beaucoup trop d’athlètes avant moi, et beaucoup trop plus tard sans doute, de prendre le départ avec la conviction interne de ne pas arriver au bout. Le plus dur étant de savoir que je tiens (comme Daniel) la meilleure forme de ma vie, et qu’un petit bout de corps défectueux peut stopper net tout effort de continuer.

La fin de semaine se passe toutefois relativement bien, après un week-end de l’Ascension assez chargé en vélo, mais un début de semaine limite niveau douleurs. Après passablement (peut-être trop) de marche dans la belle ville d’Annecy, la jambe redevient douloureuse en soirée, et le matin le réveil est pénible. Je place mes affaires sans certitude, ne dépose pas de chaussures en T2, et ne m’échauffe que brièvement en natation.

Rushteam
Le souper Rushteam d'avant course.

Le départ est donné face au large, et un virage à gauche au coin du ponton nous attend après 20m. Heureusement le départ est dans l’eau, pas besoin de courir sur la plage. Je pars tout droit à fond et en levant la tête la première fois je suis déjà plus loin que le ponton, il faut tourner à gauche. Je suis en deuxième position, très bien placé. Les pieds du premier semblent toutefois un poil trop rapides, et je prends plus ou moins mon propre rythme, en léger surrégime pour garder les bulles et ne pas devoir lever la tête trop souvent. Daniel me rejoins par l’arrière après 400m environ, et je drafte un peu jusqu’à la première bouée. Ensuite c’est un petit bout à les garder en mire, avant de reprendre mon rythme propre. La houle me fait un peu zigzaguer dans ce lac à température bien agréable. Je suis un peu déçu de mon orientation, mais sinon il me semble bien gérer ma natation. Pas de douleurs, et si tout ira bien finalement ?

Sortie de l'eau
Sortie de l'eau en 3e position, satisfait de cette partie.

Sur le retour je me dirige un tantinet mieux vers la sortie, nage jusqu’au maximum pour éviter de trop marcher. En sortant le monde encourageant le 3e que je suis me motive à essayer de trottiner. Ouille ! ça sera un seul pas de course, puis une T1 en marchant tranquillement.

Montée sur le vélo, mise des chaussures, sortie jusque sur la départementale, et je réalise à la première ligne droite qu’aujourd’hui ça ne va pas le faire. Je me pose sur les barres sans l’envie de forcer sur un tibia douloureux, d’emmener un braquet qui me fait mal, de sentir une lancée à chaque tour de pédale. Alors je me relève, prends la décision d’arrêter avant la première bosse à 10km, me repose sur les barres et tente de manger en quasi roue libre pour tester le ravitaillement. Et après moins de 6km, une barre avalée, c’est flèche à gauche (ou plutôt vélo à droite sur une place de parc).

T1
T1 en marchant, la course s'arrêtera peu après.

Direct derrière moi une camionnette des samaritains me demande si j’ai besoin d’aide (comment savaient-ils qu’ils devaient me suivre ?). Je dis que je peux rentrer seul, pas de soucis. Je me remets en route en sens inverse, encourage les Rushtistes que je croise, réalise aussi en passant que si en sortant tout devant de l’eau on est livré à nous même, bien rapidement le champ d’athlètes suivant ressemble plus à Zug ou Ironman Brasil qu’à du no-drafting.

De retour en T2 je rends ma puce, mon dossard, me change et réalise combien subitement la saison qui vient de commencer de la pire des manières est incertaine. Si la forme ne se perdra pas si vite je l’espère (et ceux qui m’écrivent gentiment arrivent presque à me convaincre), reste l’immense inconnue de savoir quand le corps sera prêt à recourir. L’évolution ces prochaines semaines en dira plus, d’ici là il faut être sage et patient. En rêvant toujours de ne pas finir similairement à Frankfurt.



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SOLA Stafette

Après les 20km de Lausanne il y a deux semaines, arrivent les événements clubs traditionnels du mois de mai: la SOLA ce week-end avant le TDFO le suivant. Avec Daniel nous sommes tous les deux engagés dans l'équipe 1 (sur 4) du TV Oerlikon annoncée de très grand niveau. Je cours aussi pour mon labo (superQUDEV) plus tard dans l'après-midi. Si nous étions tous les deux sur des parcours courts, Daniel se retrouve à échanger pour une version plus longue le soir avant la course. Il me donnera donc le relai à la fin de la 6e étape à Hönggerberg.

S'il est dur de suivre les positions exactes en temps réel (notamment avec les difficultés du chronométrage de suivre 1000 équipes de 14 coureurs éparpillées dans Zürich), je reçois quelques infos via les chats whatsapp: notre équipe, après avoir remporté la première étape, se situe constamment en 2e position autour des 30s de retard sur les vainqueurs de l'an passé (running freaks). Je trottine un peu vers l'ETH, les jambes semblent bien en forme, et si je sens un peu ma cuisse parfois ça ne devrait pas me déranger comme aux 20km. La séance de 6x1000m de mardi c'est super bien passée, je me réjouis de la course d'aujourd'hui. Sur le stade tout est vide à 10min de l'arrivée prévue de Daniel. Seul le coureur des running freaks et celui de TV örlikä (notre deuxième team, représenté par Laurin) sont là pour échanger quelques mots.


Daniel vers la fin de son étape à Hönggerberg ainsi qu'au départ à Buchlern

Alors que j'explique à Laurin comment passer le témoin, un vélo ouvreur arrive suivi de pas bien loin par Daniel comme une fusée. On est en tête ! Je passe la barrière pour être dans la zone de change, démarre la montre, regarde si je vois quelqu'un arriver derrière (non au fait Daniel m'a donné une marge confortable d'un peu plus d'une minute). Je prends le témoin et top départ derrière les cyclistes. Mon parcours est court, principalement descendant, pas de question de se retenir trop.

Assez vite je serai seul, car les cyclistes ne freinent pas dans la descente et me prennent passé 500m d'avance. Je fais ma course, dans le bois de Käferberg où je m'entraîne fréquemment. Passage à Bucheggplatz il faut relancer dans les virages et petites bosses. Dans le parc personne n'est prêt, si ce n'est pour ouvrir la route. Me faut passer plusieurs fois dans l'herbe de côté pour éviter une laisse de chien ou des promeneurs. Rien de bien gênant. On se retrouve derrière nos vestiaires à Oerlikon, je connais bien ces routes, et si mon entrain du départ est un peu retombé, il ne reste pas grand chose pour arriver sur Milchbuck et le sous-voie de l'entrée d'Irchelpark.


Jean-Claude passant la ligne à Irchel.

Un son de speaker au loin, l'équipe running freaks qui m'encourage. Dernière surprise: il faut faire le tour du parc dans la piste finlandaise, rendu un peu molle par la fine pluie du matin. J'hésite un peu au dernier carrefour (plus très lucide?), avant de foncer les derniers 200m en me disant que chaque seconde d'avance compte pour l'après-midi. La ligne passée Sandro fait les comptes, environ 90s d'avance (officiellement les Besse ont permis à l'équipe de remonter de +33s à -95s). Tout ça de pris pour la deuxième moitié. Pas encore gagné, mais vu les cracks qu'on a encore à aligner je ne me fais plus beaucoup de soucis.

Ça sera en effet chose faite rapidement, et le TVO1 remporte la course haut la main avec plus de 8 minutes d'avance sur les deuxièmes ainsi que le record du parcours. 8 étapes sur 14 remportées (dont Daniel et moi-même).

Je passe par l'interview à l'arrivée intermédiaire, puis discute un peu autour en attendant que Daniel me ramène mes affaires et file prendre le bus direction le zoo pour ma deuxième étape. En haut les jambes me font déjà bien mal et l'envie de s'échauffer manque, mais peut importe mon résultat aura beaucoup moins d'importance. Je prends le relai autour de la 170e place et remonte gentiment dans le peloton. Avec l'expérience de l'année passée je sais que les 11km de l'étape 9 sont surtout durs sur la fin par quelques montées sèches. J'en garde donc un peu sous la pédale sur les premiers kilomètres vallonés dans la forêt. Sur les montées je peine parfois un peu, notamment lorsque le chemin se retrécit et qu'il faut faire l'effort de passer à moitié dans le talus à côté. Mon temps final est à quelques secondes près comme l'année passée, je suis assez satisfait de ma course alors que je partais déjà chargé d'acide lactique.


Le team ayant attendu sous la pluie les podiums.

Ensuite c'est retour à la maison pour une douche rapide, prendre le gateau fait par Daniel et rejoindre les coureurs à Irchel. Il pleut fort désormais, et c'est détrempés qu'on finira par passer la ligne main dans la main, attendre l'arrivée de toutes les équipes, le podium, les photos ensuite, les premières bières, etc.

Puis enfin barbeque où, belle surprise, on se voit remettre le Rössli taille intermédiaire (le grand étant en prêt une année, l'intermédiaire pour l'équipe vainqueur et les petits pour chaque membre d'une équipe du top6) par Rubén pour la belle remontée. Pas fait de discours sur place, mais je suis touché de voir combien on a pu s'intégrer dans un club génial au cours d'une année, un club qui nous procure beaucoup d'inspiration, de moments d'amitiés sur Zürich et nous pousse à progresser de jours en jours. Danke TVO!


Rubén, Daniel, Sami et Jean-Claude à la remise du Rössli.



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20km de Lausanne

Toujours difficile d'attaquer une compétition 5 petits jours après la fin du camp de Porrentruy, surtout lorsque ce dernier a été intense niveau charge sur les organismes. Les 20km de Lausanne sont toutefois mon premier test, comme première compétition depuis le marathon de Lucerne en octobre. Depuis mon niveau d'endurance à pied a progressé, mais une contracture à la cuisse me dérange parfois. Il s'agira de gérer tout ça, avec comme objectif l'heure dix.

Lors de l'échauffement la cuisse me tire déjà un peu, je suis donc en doute sur ma capacité à performer. Je me dis toutefois que chaud dans la course ça passera, quitte à me faire mal après coup. Les premiers kilomètres le long du lac se passent plutôt bien. Daniel mène la charge du groupe des poursuivants derrière les noirs, François et Antoine. Moi je laisse gentiment partir pour me retrouver avec Cédric et quelques autres coureurs. Premier kil en 3'17, depuis ça sera au feeling. Je me force à pas partir trop vite, Denantou est difficile toutefois. Mon groupe part devant, et je remonte une fois le plat le long du Parc Milan arrivant. Peu de forces en montée, mais sur le plat ça avance bien. J'entends gentiment une moto approcher, la première dame ne doit pas être bien loin.

La descente sur le giratoire de la Maladière me fait mal à la cuisse, il me semble courir crispé. La première dame arrive dans mes pieds et on rattrape bien du monde dans les mal-plats retournant sur le Parc Milan. Niveau forme je suis assez bien je crois, mais toutefois quelque chose cloche un peu. Je laisserai partir au passage sur les voies. Comme Denantou le chemin de Fontenay est un peu trop raide pour mon grand gabarit. Derrière Tivoli il faut encore souffrir un peu et puis on devrait pouvoir reprendre l'allure. Passage aux 10km en 35'10, ça sera dur de viser 1h10 mais d'un autre côté on est plus monté que dans la deuxième moitié.

Vallée de la Jeunesse, 20km Lausanne, Jean-Claude Besse
En roue libre dans la Vallée de la Jeunesse (photo: Benoît)

Seulement la descente sur le Flon me permet pas de relancer et ensuite en ville plus ça avance et plus je me crispe avec la cuisse lançant des douleurs ici et là lors de virages ou descentes brusques. Passés les trois-quarts de course il reste une grande descente que j'affectionne habituellement mais pas cette fois-ci. Rien n'a faire, je finis en roue libre. Même sur le plat à la fin je suis dans le dur niveau jambe gauche, impossible de pousser le souffle ou le reste du corps pour aller plus vite. Je m'arrêterais bien là mais pour l'équipe il faut quand même finir raisonnablement.

Déçu de ma performance je passe la ligne presque une minute plus lentement qu'en 2016, et surtout (ce que je déteste) sans avoir l'impression d'avoir donné le 100% de moi-même. J'ai pas su tirer les montées raides, ni me relâcher dans les descentes. Reste pour se consoler que quelques plats au début, ainsi que le confort de savoir que même en difficulté à la fin je tiens un rythme autour des 4min/km, un poil plus rapide que prévu à Frankfurt...

Arrivée 20km de Lausanne, Jean-Claude Besse
Arrivée dans le dur (photo: Nadine)



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20km Lausanne

Objectif: théorie et pratique

Une semaine seulement après Porrentruy, la question est toujours de savoir si l'on a bien récupéré. Le test cette fois-ci est simple: les 20km de Lausanne avec pour objectif 1h08 (en-dessous bien évidemment, même si je me contenterais d'améliorer mon temps de ces deux dernières années de 1h09'09). Pour cela, mon plan en tête est simple: partir pas plus vite que la dernière fois (3'17/km) sur le plat avant Denantou de sorte à être encore frais après le premier passage à la Maladière et pouvoir faire la montée de manière plus correcte. Seulement voilà, ce qui est simple en théorie ne l'est pas forcément en pratique. Laisser des groupes avec des têtes connues partir le long du lac est bien trop difficile lorsque les sensations sont encore excellentes. 3'15 au premier kilomètre et 9'46 au passage du panneau du troisième. J'ai laissé filer François Leboeuf et Antoine Grandjean mais pas beaucoup plus et en plus c'est moi qui mène le groupe de derrière. Les jambes sont bonnes et je n'ai pas l'impression de faire de gros efforts même si je crains un peu de le payer ensuite.

20km Lausanne 2017: Start
Menant le groupe des poursuivants juste après le départ

Ça monte, ça monte

Gros coup de mou dans Denantou. Je ne perds pas vraiment de terrain sur mes compagnons (Épiney, Heiniger ou Oliviera) mais je me suis fait dépassé très rapidement et ai l'impression de souffrire pour simplement tenir les pieds. J'essaie de récupérer un peu de souffle dans l'avenue de Cour et crois pourvoir suivre; les certitudes sont malgré tout loin d'être là et les montées me font désormais peur (et il en reste quelques-unes). Retour vers la place Milan, dur dur comme escompté; simplement aucune force dans les cuisses pour me tirer en haut. Mon groupe explose tandis que je finis par gentiment revenir sur Antoine. Mètre par mètre et en en perdant quelques-uns sur Tivoli à nouveau. Mais les encouragements des supporters qui me connaissent et l'envie de crocher avec lui me permette de garder un semblant de rythme sur la montée. Après un passage en 33'50 au 10km et mon état du moment, l'objectif de 1h08 semble toutefois être très difficile.

20km Lausanne 2017: Daniel
Début de la montée en direction de la cathédrale.

La descente pour me sauver

Si les montées ne me réussissent pas cette année, il me reste toutefois un ou deux points pour me consoler: le rythme au plat me semble facile à tenir (en tout cas au début) et je récupère très vite des efforts de la montée. La descente pourrait-elle par conséquent sauver mon objectif? J'essaie de mon mieux de bien tirer, emmenant sur un bout Antoine et partant ensuite seul vers ma quête. Le chrono au 16e kilomètre me laissera toutefois sceptique et une petite baisse de régime sur les derniers deux kilomètres sonnera le glas. 1h08'16, pas très loin. Pas trop loin. Me tiraille un mélange de déception de ne pas avoir réussi ce qui me semblait clairement faisable et de ne pas savoir pourquoi j'ai eu ces sensations de ne plus savoir monter, mais aussi de satisfaction d'avoir amélioré mon temps sur le parcours et de mieux gérer qu'avant les plats à un bon rythme (qui sont mine de rien dominant sur les triathlons longue distance).



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10km Payerne

Course test traditionnelle

Une fois n'est pas coutume, nous avions décidé de ne participer à aucune compétition cet hiver avec Jean-Claude. Enfin, pour être correct, il faudrait dire que la décision a été en partie conséquence du déroulement de la saison creuse ; pas beaucoup d’envie et un temps de récupération plus long qu’escompté après le marathon de Lucerne, nous ont un peu forcés la main… sans que nous n’ayons véritablement essayé de changer l’ordre des choses. Mais voilà, février est déjà là (ou passé maintenant) et avec lui arrivent les traditionnels 10km de Payerne. Petit test de début de saison, géré avec nettement moins de pression et d’attente ces dernières années comparé aux précédentes. N’en reste pas moins l’envie d’encore et toujours faire baisser ma marque sur la distance (une des rares, si pas unique, courses sur la distance de l’année). Temps à battre : 32’30 d’après mes souvenirs (32’44 en vérité…). Du coup, je fixe l’objectif à 32’00 ; il faut bien que tous ces entraînements avec le TVO et ces kilomètres que j’accumule sur le béton finissent par payer.

PB malgré gestion non-optimale

10km Payerne 2017, Daniel
Passage au premier kilomètre

Le problème souvent avec Payerne est que les séries à vitesse de course manquent encore et il m’est ainsi toujours plus difficile à juger mon rythme aux sensations. Et 2017 ne va pas y échapper. Tranquille, easy, confiant, et vague à l’âme encore quelques minutes avant le départ à blaguer avec Matthieu et David sur qui devrait suivre Fabienne Schlumpf (hint: moi) pour ne pas penser à mon arrière-cuisse gauche qui tire la moindre, je suis paré pour l’erreur du débutant : pan, coup de pistolet (sauf qu’il n’a pas eu lieu mais que tout le monde est parti quand même) et passage au premier kilomètre sans comprendre ce qui s’est passé. 3’00 ou 3’02, je ne sais pas trop au regard de la montre mais c’est rapide. Il m’aurait fallu plutôt me caler dans du 3’10-3’12. Ce que je fais sur les kilomètres suivants avant de me sentir inexorablement baisser de rythme dès le quatrième. Je garde la distance constante avec François Leboeuf, au moins ça, mais au premier passage sur la ligne d’arrivée à 4.5km le speaker en a plus pour Fabienne qui doit me suivre de pas très loin d’après ses commentaires. Encore un bout de pénible pour moi, seul jusqu'au passage du panneau 7km, avant de me faire reprendre par elle et son groupe de coureurs accrochés à ses pieds comme des mouches. Bon, ça joue encore pour le moins dans la tête vu que j’arrive à ne pas prendre ça comme un coup au mental mais comme une occasion de reprendre le bon rythme en me joignant à l’essaim. Deux beaux petits kilomètres s’en suivent et me feront regretter encore maintenant de ne pas avoir fait la course tranquille dans les pieds de Madame depuis le début. Son accélération sur la fin me fera malgré tout perdre contact de quelques mètres et finir 7 secondes derrière en 32’14. PB pour moi (et record suisse féminin explosé pour elle) même si je suis un peu déçu de ma gestion de course qui me laisse penser que 32’00 devrait être faisable. Et même s'il me semble récupérer très vite dans la demi-heure qui suit (« trop vite, j’ai pas assez donné » dirais-je à Matthieu), le coup de mou de l’après-midi et les mollets lors de la série du mardi suivant me rappelleront le contraire.

Au final, et pour les objectifs de cette année, la vitesse est là et c’est bien ça l’important !



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Excellent début sur marathon

Mon récit du marathon de Lucerne, tel que paru dans le tricycle no26 du Rushteam Ecublens:

Jean-Claude, premier marathon de sa vie, réussit une excellente performance au championnat suisse de la discipline à Lucerne. Il nous raconte sa course.

Pendant l’été 2016, encore chargé de compétitions, la tête s’est gentiment tournée vers la planification des objectifs suivants. Cela en partie dû à un clic de souris qui a furieusement fait chauffer la VISA début juillet. L’idée trotte dans l’esprit : un petit marathon avant l’échéance pour se faire une sensation de la distance, ou alors se laisser surprendre le 9 juillet prochain. Et si on se mettait sur Lucerne, avec la chance de pouvoir le préparer avec nos amis du TV Oerlikon avec qui l’on s’entraîne désormais ? Finissons d’abord notre saison à Morat et on verra ensuite…

Ensuite justement, il reste pas tant que ça de temps. Une semaine de pause, et puis on s’inscrit, 5 semaines avant la course. Un plan marathon essoré à son strict minimum, avec toutefois l’intention de comptabiliser sur les acquis de la saison en triathlon. Les discussions vont bon train : - Quel temps estimer ? Dur à dire, jamais couru plus de 25km moi. Mais j’aimerais bien faire 2h40-45.

- Que placer comme longs footings ? Un 30km, et puis ben ça sera tout.

- Est-ce que vais me planter ? J’essaie de tout faire contre mais au moins mieux vaudrait là qu’à Frankfurt.

 

Les séances sur pistes continuent de bon train, avec quelques fois 12km de séries en 3’40 ou moins. Un bon groupe qui prépare ensemble ça aide beaucoup dans le mental. Et puis le tapering de la dernière semaine arrive déjà. La forme est là, les jambes suivent, reste à savoir si elles tiendront la distance. Tout le monde me prédit en forme, moi j’ai encore un peu d’appréhension (de respect ?) devant l’édifice qui m’attend. On tente le régime dissocié, avec peu de sucres en première moitié de semaine, et une charge de pâtes sur les trois derniers jours. Parait que ça a amené Chrigi à Rio. Si je peine sur la première partie, les pâtes il en faut plus de trois jours pour m’en lasser (merci la préparation Porrentruy).

 

Dans le train de bonne heure dimanche matin les discussions sont courtes, l’air un peu électrique, les wagons bondés de leggings, de chaussures de sport, et de gourdes aux liquides fluos. On passe encore aux toilettes, prend le bateau pour aller récupérer nos dossards, dépose nos affaires, passe aux toilettes, trottine cinq petites minutes, et se dirige vers la ligne (y’a pas encore des toilettes de libre ?).

 

Et puis assez vite après les saluts le TV Oerlikon se retrouve à occuper le centre du départ. Une fois les gps trouvés, le coup de pistolet donné, je fixe les pieds à Daniel et Rubén (notre coach, visant 2h36) et prend gentiment le début comme un échauffement. Devant ça part vite, mais on reprend une majorité vers les premiers deux kilomètres. Reste encore un petit groupe détaché ainsi que des gens sur le semi, mais peut m’importe la journée ne fait que commencer. On reprend celle qui sera vainqueur dame, qui demande à un de notre groupe son temps escompté : 2h38, ok, mais elle nous laisse partir.

 

Je bronche pas, on est sûrement un poil vite mais il fallait s’y attendre. Le premier ravito arrive déjà et ça sera pour moi la même stratégie à tous : un verre d’eau de la première table, une gorgée d’iso de la deuxième, rincer la bouche avec de l’eau à la fin. Au kilomètre 4 les petites bosses arrivent. Gentiment les groupes s’étirent, Rubén et Daniel semblent les prendre en douceur et rattraper les gens dans les relances en descente. Ça me convient, je reste dans les pieds.

 

Km 8, enfin ça redevient plat. Un ravito ou ça se bouscule un poil. Je finis par rater deux verres et bloquer la voie à Daniel. Dernière table, dernière chance : deux verres d’eau, un pour lui un pour moi. Tip top comme les Kényans. Et puis plus rien à signaler, si ce n’est, comme je dirai à Daniel en réponse à son “36 minutes” : “Déjà 10km, pas remarqué. Une cloque au pied droit mais sinon tout va bien.” Rubén admire le paysage et fait des remarques sur le groupe de devant contenant les médailles. Je reprends les rennes lorsque notre groupe ralentit un peu, mange ma pâte de fruits juste avant le 3e ravito (ouh un peu solide, j’aurai pu tester mieux avant). Premier tiers parfait.

 

Je tire désormais depuis un petit moment le retour sur Lucerne, sans regarder la montre on a peut-être gagné un petit peu en vitesse (au fait non juste maintenu). Surtout ne pas forcer avant la moitié : “le marathon est une course de 10km avec 20mi en échauffement” m’a-t-on prévenu. Enfin je réalise combien on est à l’avant : le speaker nous annonce dans les 10, puis lorsque les coureurs du semi nous quittent et les duos passent le relai, ça devient plus clair pour le speaker. Positions 3, 4, 5 et 6 pour les coureurs du TVO (!). Passage au semi en 1h16 et des poussières, Daniel hausse le ton et on lâche Rubén.

Je ferais pas long non plus sous l’impulsion de Daniel. Juste le temps de manger un gel, prendre un ravito et traverser la région de la gare. Derrière c’est l’entrée du combat mental : km 23, les cloques resurgissent, chaque pas devient un peu plus lourds, et on devient subitement seul face au parcours. Parcours qui d’ailleurs me semble devenir plus vallonné. Je suis pas passé par là moi, ça montait pas autant ! Prendre son mal en patience, ça monte et descend du km 25 à 29 environ, ça permet aussi de varier un peu le rythme et changer les idées. Quel plaisir de voir ici et là une guggen, une connaissance du TV, une sono, ou ne serait-ce que des gens avec des cloches dans leur jardin. La moto télé me suit aussi quelques kilomètres, avant de foncer rejoindre Daniel devant.

Une fois passé le panneau du 30e, je suis dans la course cette fois-ci. Daniel est de moins en moins en point de mire, et les cuisses deviennent dures, mais peu importe. Depuis ce moment j’ai le droit de me faire mal, et pas besoin de forcer beaucoup ! Ne pas oublier le 3e gel, continuer le régime eau/iso/eau et ça passera. On rattrape pas mal de monde à leur premier tour (ou au semi). J’ai les pieds en sangs, mais ça fait pas plus mal que les muscles donc pas bien grave. Je me remémore le premier tour où tout était si facile, maintenant chaque foulée semble demander un effort surhumain. Peu m’importe la montre, le chrono sera excellent. Je plisse les yeux quelques secondes, me dis que si j’ai fait tout ça, autant le finir comme il faut.

 

Les derniers kilomètres seront les plus durs. Il faut commencer à zigzaguer entre les coureurs doublés, et honnêtement l’énergie manque pour les pas de côtés. Je visualise la ligne qui s’approche, compte les hectomètres, regarde 4 fois ma montre entre le kilomètre 40 et 41. Je sais plus si c’est parce que mentalement je n’arrive pas à estimer le temps qu’il me reste, ou si c’est parce que les mètres n’avancent pas. Un peu étourdi je tape encore dans quelqu’un qui coupe devant moi au ravito, me reconcentre et rejoins la dernière ligne droite, en tapant au passage dans les main d’Hervé (qui s’entraîne avec nous mais à dû abandonné sur blessure) et de Dani (ami du triathlon qui avait couru sur le semi). Quel bonheur ! Sur le tapis rouge, je me regarde sur l’écran, peine à réaliser, marche les deux derniers mètres, stoppe la garmin à 2h37.42, puis me couche par terre en face de Daniel.

 

Lui a encore réussi à chipper la 3e place sur le final. Il me lance un gourde iso traînant dans le coin. J’enlève mes chaussures et perce mes cloques en sang avec une imperdable du dossard. Lorsque je reprends mes esprits je me redresse, bois, et observe les photographes et caméras entourant le podium et la première dame donnant un interview (j’apprendrais plus tard qu’elle était bien 3 minutes derrière moi, j’ai manqué son arrivée ainsi que comment elle s’y trouve si fraîche). Je reçois alors le petit mot disant : “wahrscheinlich haben Sie eine Medaille gewonnen”, et confirme ma nationalité suisse au responsable de Swiss Athletics. Même si au final non je suis 5e (comment on peut se planter comme ça ?).

 

Reste 50min avant les podiums, mais j’ai l’impression que j’arriverais pas à faire l’aller-retour jusqu’aux vestiaires à 1km. J’enfile alors mon training qui traîne au pied du départ, et me pose avec Daniel par terre dans le musée des transports, grelottant et regardant dans le vide à travers tant d’agitation. Après une bonne demi-heure je retrouve tout mes esprits, et peut gentiment refaire la course avec les autres du club (“brutal” sera mon premier commentaire), tout en attendant notre podium de champions suisses par équipes, celui de Daniel 3e overall, ainsi qu’en guettant attentivement l’app Datasport pour les résultats de Lausanne.

 

Un grand merci à tous ceux qui ont envoyés des messages avant/pendant/après, suivi sur place ou de loin, donnés des conseils avant ou à l’entraînement, aidés à me mettre dans le juste tempo. A peine au-dessus de 1h20 le deuxième semi, seulement deux kilomètres en >4min/km (27 et 29e, les deux en dénivellé positif), et un temps atteignant le meilleur de mes espérances. De bon présage pour la suite !



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