Half-iron de Doussard
Half en France : bientôt une tradition ?
Ces dernières années, un half en France au mois de juin ou au mois de juillet a souvent été au programme du Rushteam ; même si pour être plus correct je devrais dire que nous nous joignons à ces sorties longues depuis quelques années maintenant mais qu’elles sont au programme depuis bien plus longtemps quand je vois Philip ressortir des posts-conseils de 2003 sur le forum. Toujours la routine ? Oui et non. Si les derniers se ressemblent sur certains points et la tactique générale utilisée, la préparation et les objectifs ont souvent étés différents. Il y a quatre ans à Troyes, il s’agissait de notre premier semi pour une expérience sur la longueur et la souffrance lorsque les kilomètres ne sont pas dans les jambes et que celles-ci ne répondent par conséquent plus après le vélo. Depuis là, la préparation s’est améliorée et les longs vélos sont devenus plus réguliers. Même si cela reste mon point faible, mon niveau s’améliore et cela se ressent très fortement sur le résultat final. Un meilleur vélo premièrement mais surtout la possibilité de courir comme une fusée droit derrière. Ça commence par Belfort en 2015 qui était mon objectif cette année-là. Une victoire surprise pour moi, jamais repris de la natation jusqu’à l’arrivée. Belle progression depuis Troyes et ce très rapidement. Viens alors l’idée d’enchaîner, un objectif sur un 70.3 « officiel » à Rappi suivi de la sortie club à Dijon. Si les deux s’achèvent sur la victoire, celle de Dijon s’est trouvée être bien plus difficile sur le vélo avec des sensations plus que moyennes. Ce sera finalement la course à pied qui me sauvera. Moi qui ai commencé avec Troyes par du 5:00/km de moyenne sur le semi me réjouis de voir que je peux tenir du 3:45/km pour refaire mon écart et reprendre la tête avant l’arrivée. Cette année, le half a encore plus un goût de préparation et de test toutefois en vue d’un objectif plus long encore : l’ironman de Francfort.
Préparation et sensations
Si pour moi la préparation se passe bien et que mes sensations de ces dernières semaines (voire mois) sont au mieux, on ne peut pas en dire autant de Jean-Claude ou papa. Les deux sont au bord de la blessure et ça me tiraille et déçois malgré tout aussi. Ce qui est beau dans la préparation d’un événement comme celui-là est avant tout de le faire ensemble et de voir chacun y arriver. Malheureusement, nous en avons tous fait beaucoup pour être le plus possible prêts afin d'atteindre notre but de temps fixé et parfois la limite entre beaucoup et trop est dure à jauger correctement ; avec ou sans signes avant-coureurs. Je suis content pour ma part de ne rien avoir eu de trop sérieux ou grave depuis un moment et de pouvoir ainsi tenir une bonne charge d’entraînement qui signifie une bonne forme générale. Mais je sais qu’il me faut faire attention également.
Quant à la course en elle-même, elle ressemble pour moi beaucoup à Dijon. Pas tellement de pression parce que pas un gros objectif et par conséquent pas une grosse préparation spécifique – du point de vue de repérer le parcours, on s’entend, les kilomètres et les enchaînements je les ai. Et la tactique est sue, vue, éprouvée : faire un trou en natation, prendre les 10km plus ou moins plats au début du vélo pour manger un truc et se mettre gentiment dans le rythme, bien tirer ensuite sur une grosse heure (ie dans ce cas la montée), ensuite essayer de ne pas trop subir de coup de mou et voir comment ça se passe niveau pelotons qui reviennent, puis finalement faire une grosse course à pied comme je sais que j’en suis capable. Si les copains me disent que je suis favori et que le speaker a tort de ne pas me connaître, au final je m’en fous – ou c’est même mieux ainsi. L’important est de se rassurer pour Francfort ; la pression je peux la laisser aux athlètes tricolores.
Tasse de thé ou boire la tasse ?
La natation, tasse de thé pour Jean-Claude et moi en général, a été un peu délaissée dans notre programme de cette année. Un ironman doit à peine savoir flotter en néoprène me suis-je entêté à répéter à Jean-Claude. Les quelques minutes que nous pouvons encore gagner sur la discipline nous demanderaient beaucoup plus d’investissement que le retour en comparaison de la progression qu’il nous reste à faire à vélo. Ainsi, je regrette un peu cette mentalité de fleur au fusil lorsque, pour ma première natation avec combinaison de l’année, les bras me semblent lourds et non-réactifs sur les premiers hectomètres dans le lac. Goups, un peu de sérieux, on se reprend. Je croise et dépasse Jean-Claude vers 400m en chemin vers la première bouée et en chasse-patate d’un échappé déjà relativement loin devant. Heureusement les sensations reviennent gentiment et je peux gentiment accélérer la cadence des bras. Au virage à droite, je suis déjà dans ses pieds et peu après je peux même prendre la tête et mener à mon rythme. Logiquement l’écart sur le deuxième n’est pas grand à la sortie mais au moins les sensations étaient bonnes sur toute la deuxième moitié.
Transition rapide jusqu’à enlever le haut de la combinaison avant de merder un peu sur le bas et sur l’attache du casque. Il me faut également faire très attention en poussant le vélo dans la boue du parc de change détrempé par la pluie ainsi qu’en montant sur le vélo. Filmé en continu que je suis par le cameraman officiel, je n’ai de loin pas fait ma meilleure transition. Pas si grave pour du long, il faut juste rapidement se remettre de ces premiers faux-pas pour rentrer enfin dans la compétition.
Sortie de T1 vigilante
Excellentes jambes
Je me mets donc rapidement dans le rythme et « envoie les watts », souvent fixé sur mon capteur de puissance qui me dit que je suis un peu fou et vais finir cramé. Le cerveau n’en fait toutefois qu’à sa tête et se dit que si je mange mon gel au kilomètre 6 au plus tard tout ira bien. Ensuite, ça monte, monte encore un peu plus, et monte encore. Petite descente pour rejoindre un vallon, où je comprends déjà que certaines parties seront difficiles (pour ne pas dire dangereuses) à se frayer un chemin entre les voitures et négocier des virages parfois serrés sur des routes mouillées et un parcours inconnu. Toutefois, je garde un bon tempo et il me semble maitriser tous les passages même techniques. A force de rouler beaucoup plus en contre-la-montre, j’ai confiance et ça se ressent sur ma façon de mener les segments à haute vitesse. Après une partie plus ou moins plate, le parcours se remet à monter encore et toujours. Je pense à la description du speaker et notamment aux « bosselettes, pas des cols alpins ». Heureusement, qu’est-ce que ça aurait été sinon !?
A 35km arrive enfin le sommet et, après un petit bout dans la descente derrière, son demi-tour. L’occasion de voir que 3-4 concurrents ne sont pas loin derrière et que je risque de commencer à voir du monde bientôt. L’avantage est que je vois aussi les autres du club et ils sont nombreux à me dire un mot en passant. Pas vu Jean-Claude par contre, et ça c’est plutôt mauvais signe pour lui.
A ma surprise, je tiens encore toute la descente, la traversée du village et un bout de plat en tête avant que ce qui devait arriver arrive : un groupe de trois qui me passe ensemble ; pas de quoi dire qu’ils draftent mais ils roulent visiblement ensemble. Alors que d’habitude je laissais partir ce genre de groupe, j’essaie cette fois-ci de m’accrocher tant bien que mal – et ça fait plutôt mal. J’ai mangé un bout de barre juste avant et bien augmenté l’effort mais je ne tiens tête qu’au troisième qui est en train de laisser filer devant. Ensuite c’est même à mon tour de perdre petit à petit du terrain en partant en direction du deuxième demi-tour. Je me force alors à manger mon autre barre ; je n’en ai pas très envie mais je m’étais mis en tête de manger plus de solide en prévision de l’ironman et il faut parfois respecter le plan. La victoire est perdue ? Peut-être pas au vu de l’expérience à Dijon mais peut-être bien quand même vu l’écart qui doit être important et mon rythme qui a sensiblement baissé. Je n’aperçois d’ailleurs plus personne même sur les longues lignes droites du retour. Allez ! plus qu’à tenir ce bord de lac et ensuite je pourrais poser ce vélo ; c’est mon unique motivation du moment.
Course d’enfer
Départ càp (© Vagnotti Bruno)
Départ càp (© Vagnotti Bruno)
A Dijon j’avais vu combien il est important de revenir vite sur la tête pour jouer la gagne et j’ai bien l’intention de retenter l’expérience en arrivant en zone de change. Quitte à exploser s’il le faut, ça m’apprendra à courir sous la fatigue comme en fin d’ironman me dis-je alors. Ni une ni deux, je pose le vélo, enfile les chaussures, visse ma visière sur le front, et embarque deux gels pour les 18km restants. Zick-zack, même moi je n’ai pas vu cette transition passer que j’enchaîne déjà une belle foulée. Les sensations sont là, alors on y va !
Le premier bout est un peu difficile avec l’herbe et le gravier, tout comme de voir les deux autres concurrents bien loin devant mais je sais par Jean-Claude et maman n’avoir que 2’30 de retard et que cela est rattrapable. Au panneau des 3 kilomètres, un petit coup d’œil à la montre me donne 10’20. Je l’ai démarrée un peu tard mais ma sensation d’aller vite se confirme au chrono. La distance sur la tête fond également à vue d’œil et me conforte dans mon idée de continuer sur un rythme presque suicidaire. Le parcours monte alors un peu en bord d’une petite rivière et je profite d’un ravitaillement pour manger mon premier gel. J’ai déjà repris une place alors et peu après le début de la descente, j’ai le contact visuel continu avec le vélo de tête. Pour le moral c'est excellent, elle sera à moi cette tête. Mentalement déjà maintenant et en pratique à partir du kilomètre 7. Pas le moment pour moi de baisser le rythme pour autant, je tiens jusqu’où ça ira comme ça et on avisera ensuite.
Passage au kilomètre 9, déjà bien entamé mais en tête.
Je croise alors Jean-Claude au kilomètre 9 et sais que l’écart sur mes poursuivants est déjà important. La victoire ne devrait plus m’échapper même si je ne tiendrais pas la même ferveur jusqu’au bout. Les nombreux rushtistes que je vois sur ma deuxième boucle m’encourage alors et je tâche de faire pareil même si parfois avec moins d’entrain. Au passage du panneau 10km, la montre indique 35’30. Fou ? oui – et pourtant, mes muscles l'encaissent encore pas si mal. Je dois certes ralentir le rythme sur la fin mais je tiens un bon 3’40/km de moyenne en général et c’est très réjouissant.
Finish(© Vagnotti Bruno)
Finish(© Vagnotti Bruno)
Une belle course par conséquent et un test de forme plus que réussi. Reste à bien gérer les dernières semaines avant Francfort – et tenir les pousses pour que tout se passe bien d’ici là comme le jour J.
Podium, un peu petit mais avec le sourire... (© Vagnotti Bruno)