Daniel & Jean-Claude Besse

Natation Vélo Course

News

Management de la performance (3e partie)

Note : ceci est la troisième et dernière partie de la news, il peut être utile de lire avant cela la première et la deuxième partie.

Ma saison 2016 en exemple

PMC Jean-Claude Saison 2016

Voilà le graphique de ma saison 2016 (version large), du 1er janvier au 13 octobre. Les barres grises représentent le TSS journalier (échelle de droite), les courbes sont en bleu l’ATL, en vert le CTL et en rouge le TSB (échelle à gauche). Enfin les petites étoiles en bas de graphique dénotent les compétitions effectuées.

Prenons l’année dans l’ordre chronologique et observons les différentes valeurs évoluer.

 

Janvier

PMC Jean-Claude, janvier 2016

Je débute l’année par une première série le jour de l’an (un 3x(5'+2') à Zouhair dans le Val de Bagnes), avec un CTL proche de 55 et pour objectif le 70.3 de Rapperswil début juin. Il s’agit de mettre gentiment en route la saison, en faisant monter la forme après l’hiver. Deux semaines de charge à la maison où le TSB descend de manière contrôlée vers les -30. Quelques jours de repos vers la mi-janvier pour dissiper un peu la fatigue avant d’attaquer le deuxième bloc de 3 semaines.

 

Février

PMC Jean-Claude, février 2016

Début février je débute mon travail de doctorant en physique à l’ETH par un conférence à Arosa. Une semaine de quasi-repos où comme attendu le TSB repasse en positif. Notons qu’en un mois mon CTL a gagné 25pts déjà. Vers le 15 février, après quelques temps à prendre mes marques à Zürich, mon TSB repasse négatif pour ce qui était prévu comme un bloc similaire à ceux de janvier. Seulement le 21 en route pour Steinenbühl Climb je chute de mon vélo et le bloc est un peu coupé en deux. Les aléas d’une saison. C’est encore tôt, on peut faire avec.

 

Mars

PMC Jean-Claude, mars 2016

J’ai le temps de placer encore une bonne charge sur une semaine avant le tapering qui m’amène à la ligne de départ des 10km de Payerne le 6 mars (TSB +5). Premier test de la saison. Mon journal indique : “assez content de mes 10km”, bien que je serais volontiers aller chercher mon record sur la distance. Kerzers le 19 arrive assez vite ensuite, une petite charge entre deux et je remonte à +8 en approche de la compétition. Ici je note : “Parti trop vite, souffert dans le deuxième tiers, retrouvé le contrôle sur la fin”. Mon CTL est alors à 77, avec le potentiel de monter en puissance, mais les jambes se sentent bien au départ, la preuve que je commence à gérer mon tapering.

Porrentruy marque ensuite mon seul camp de la saison, avec le Rushteam. Je me rappelle discuter (entre autre avec David) de comment je souffre de la comparaison avec Daniel, qui est plus en forme et à plus de fond que moi à l’approche de la saison. Et ben c’est ma grosse erreur : je force sur le week-end prolongé beaucoup plus que je ne devrais (TSB jusqu’à -87 !) et logiquement le corps dit stop. Blessé au genou, avec une cuisse gauche contracturée qui tire sur la rotule.

 

Avril

PMC Jean-Claude, avril 2016

S’en suivent deux semaines très réduites à pied, et la première à vélo également. Tout ce que j’ai voulu gagner en forçant se retrouve perdu sur le long terme. Mi-avril je peux reprendre. Mais les 20km de Lausanne arrivent très vite ensuite le 24. TSB +16, un peu plus haut qu’escompté. Les sensations ne sont pas au top (peut-être un poil trop reposé), mais je fais la course en 1h12 plus ou moins comme l’année précédente. Le CTL est à 90, les jambes tiennent mieux la distance. Fin du mois en tranquille car le TDFO suivra tout de suite. En avril le CTL a décru un peu, on prévoit rarement de se blesser.

 

Mai

PMC Jean-Claude, mai 2016

À cheval entre avril et mai se déroule le TDFO, qu’on enchaîne avec Daniel sur des entraînements intensifs à vélo comprenant aussi des transitions rapides. Vers l’Ascension le TSB retombe à -25, suivis de quelques jours un poil plus relax afin de récupérer entre deux. Encore un peu de difficile à Pentecôte, avant d’alléger la charge. Dernier test à la SOLA où je cours deux fois, ensuite il s’agit de conserver les sensations sur une semaine et le taper sur la dernière avant Rappi.

 

Juin

PMC Jean-Claude, juin 2016

Début juin l’objectif de la saison, 70.3 Switzerland, avec un TSB de +27. Un poil trop haut après coup je pense, et les jambes ont un poil de peine à se mettre en route à vélo. Une bonne course dans l’ensemble tout de même. Derrière un peu de récup, Zug en forme (à +7) en quasi train-through, et enfin Dijon en semi iron à la fin du mois (TSB +16). Là beaucoup plus de peine, aussi bien physiquement que mentalement il faut un petit break.

 

Juillet

PMC Jean-Claude, juillet 2016

En juillet au début un petit break et changement d’idées avec un test de SwimRun et des vacances en Engadine où la météo nous force à marcher plus que faire du vélo dans les belles montagnes environnantes. L’entraînement habituel reprend ensuite, culminant avec le tour du lac de Neuchâtel le 1er août, majoritairement sur les barres et avec bien peu de temps pour échanger nos pensées avec David, Matthieu et Colin nous accompagnant.

 

Août

PMC Jean-Claude, août 2016

N’empêche que ça marche, nous menant droit sur les championnats suisses à Nyon (TSB +9). Daniel et moi-même démontrons une superbe forme à vélo, ce qui lui permet de remporter le titre, en chipant le record du parcours à un certain Mike Aigroz. Je finis à la 4e place.

Derrière un nouveau bloc avec passablement de course à pied, qui aboutit sur le triathlon de Lausanne où l’on réussit le doublé qui nous tenait tellement à coeur. À Uster la semaine suivante les compétitions s’enchaînant rendent les jambes lourdes. Daniel arrive de justesse à remporter l’épreuve. Je chute quant à moi sur le parcours cycliste.

 

Septembre

PMC Jean-Claude, septembre 2016

Derrière Uster il me faut un peu de repos. Aussi bien pour les muscles que pour les larges éraflures de la chute. Le week-end suivant je remets un peu la charge, ainsi que le lundi où j’ai pris congé. Enfin même plan qu’à Nyon puisque ça a bien marché : du dur environ 5-7 jours avant la compétition, un tapering amenant proche de +10 en TSB et hop sur la ligne de départ à Morat.

La météo ne joue pas vraiment en ma faveur et malheureusement je ne satisfais pas mes espérances à vélo. C’est à cause d’une grande crispation due à la pluie et au vent, et la peur de répéter la mésaventure d’Uster. Les jambes y étaient malgré tout, la preuve étant mon 1h16 pour les 20km finaux à pied.

Fin de saison oblige, derrière les entraînements se font rares et je laisse le CTL retomber bien bas. Si c’est le cas sur plus d’un mois pour la natation et le vélo, on s’est décidé d’aller s’essayer sur marathon avec notre club de course (le TV Oerlikon), donc ceux-ci ont repris beaucoup plus vite qu’initialement prévu.

 

Conclusion

Si je suis capable de vous faire un résumé quasi jour le jour de ma saison, me remémorant mes sensations chaque semaine, c’est parce que 1) je tiens un journal d’entraînement régulier et 2) les valeurs retournées par 3record matchent mes sensations presque parfaitement. Je ne peux que vous conseiller d’en faire de même.

6 comments
Les 3 posts sont très intéressant. J'ai pu un peu mieux comprendre ce que 3records m'indique. Je vais essayer de suivre ma saison prochaine du coup.
Petite question : comment fait-on pour calculer/estimer/mesurer sa FTP ?

par Hervé the 19-10-2016 at 19:49

En général c'est la puissance maintenue sur une heure en compétition, voir aussi http://home.trainingpeaks.com/blog/article/functional-threshold-power-the-most-important-power-metric

Si ça te dit pas grand chose, des bon ordres de grandeur sont :

- en natation la vitesse sur compétition longue (genre ton rythme entre olympique ou half)

- en course à pied l'allure sur un 15km à fond bien géré.

- à vélo la puissance sur 40km de contre-la-montre, ou 95% de la puissance sur 20min (typicalement testé en montée pas trop raide comme le Mollendruz pour enlever les facteurs vent, roue libre, etc). Si t'as pas de puissance c'est un peu plus dur, mais sur des montées comme le Mollendruz des estimateurs poids/pente donnent d'assez bons résultats.


par Jean-Claude the 19-10-2016 at 20:29
Un outil très intéressant et complémentaire au plan d'entraînement. Excellent cette synthèse.
A+

par Didier the 19-10-2016 at 22:34
@hervé après coup tu peux aussi juger ton estimation avec le Wbal sur un entraînement très dur (c'est en gros ton énergie restante. Si c'était effort max sur une durée endurance moyenne il devrait descendre passablement. Si c'est pas le cas ta FTP est sûrement surévaluée. S'il devient négatif c'est soit des data imprécises soit une ftp sous évaluée).

Ça sera peut-être pour une série suivante un peu plus poussée...

par Jean-Claude the 19-10-2016 at 23:02
Hello,
Super outil et surtout tutorial vraiment interessant sur ces pages.
Bravo et a+

par Matteo P the 26-10-2016 at 11:26
Superbe site, très chouette d'avoir un programme qui nous montre tout ça, j'espère arriver à m'en servir au mieux pour améliorer mes performances !
Couplé avec le plan d'entraînement de Philip, je vais arriver à finir l'Iron de Franckfort !

par Dom the 30-01-2017 at 11:44


Copy the text from the picture

Edit style basic | advanced

Management de la performance (2e partie)

Note : ceci est la deuxième partie d'une news à trois volets, pour lire la première partie, voir http://www.besse.info/news/259-Management-de-la-performance. La troisième se trouve sous http://www.besse.info/news/261-Management-de-la-performance-3e-partie.

Que faire de tout ça ?

Une fois le stress sur le corps généré par un entraînement quantifié par un seul nombre, le TSS, ainsi que sa distribution journalière répartie en forme (CTL) et fatigue (ATL), reste à savoir comment utiliser au mieux ces paramètres pour arriver avec les meilleures prédispositions possible un jour de course. Entre en jeu le Performance Management (en anglais ça fait mieux).
 
Quel est mon but lors d’un objectif ? Arriver sur la ligne de départ avec la meilleure forme possible, mais en étant frais et non fatigué. Comment atteindre cela ? Répartir les entraînements longs/durs quelques semaines avant le jour J, puis réduire la charge à l’approche de la compétition pour obtenir l’effet de surcompensation. Le CTL reste haut puisqu’il tient compte fortement des entraînements plus vieux alors que l’ATL retombe beaucoup plus rapidement (ainsi TSB>0). On a simplement reformulé le principe du tapering dans notre langage.
Quel intérêt donc ? Il est multiple : premièrement mettre des grandeurs quantitatives permet de comparer objectivement différentes périodes de tapering, et de voir quelle variante nous correspond le mieux. Deuxièmement la formulation ATL, CTL, TSB peut se généraliser non seulement pour observer le tapering mais planifier tous les stages de la préparation d’une saison (l’augmentation du volume après la reprise, les blocs 3 semaines intensifs 1 semaine de repos, le risque de blessures pris en augmentant la charge subitement, etc.).
 

Quelques guidelines

Notons tout d’abord que les valeurs absolues extraites du modèle peuvent dépendre assez fortement de la précision à laquelle la FTP est déterminée, ainsi que de la justesse des mesures de données prises durant les entraînements. Toutefois de manière générale les tendances sont indicatrices d’un réel changement dans la charge. Ainsi les valeurs chiffrées citées ci-dessous peuvent varier en absolu mais leurs signaux restent importants.
 
Le premier indicateur que je regarde est le TSB, mon niveau actuel de fraîcheur. Un TSB proche de zéro indique une charge constante par rapport à l’habitude. Un TSB supérieur à +10 indique un repos (aussi appelé “detraining”, mais ne signifie pas forcément qu’il faut absolument s’entraîner plus). Un TSB inférieur à -20 indique une fatigue marquée. Si entrer dans cette zone n’est pas à prescrire, il faut faire attention au risque accru de blessures et permettre au corps de se reposer ensuite pour assimiler les charges subites. Avant une compétition j’essaie de me retrouver légèrement positif, de l’ordre de +10.
 
La deuxième valeur sous constante observation est le CTL, mon niveau de forme actuel. Il est souvent admis qu’un niveau de forme démontrant d’une bonne préparation se situe autour des 90 à 150 en fonction des personnes (pour ma part autour des 100 durant les peak de la saison 2016). Un CTL plus bas indique d’une charge moins grande, qui peut permettre de bons résultats isolés mais pas une performance élevée constante sur une longue saison, un CTL plus haut devrait mener à une augmentation de la FTP par l’entraînement et donc réduire le nombre de TSS obtenus pour chaque séance, par là même réduisant ensuite le CTL.
Il peut être contraignant (mentalement et physiquement) toutefois de conserver le CTL si haut toute la saison, il n’est pas rare de le voir retomber vers 50 lors de la pause hivernale. Le faire remonter très vite n’est pas recommandé non plus, car il mènerait à un TSB fortement négatif (ainsi certains préfèrent regarder la pente du CTL plutôt que le TSB que nous surveillons).
 
Enfin les entraînements individuels donnant un score de TSS, il est intéressant de comparer ces valeurs à nos sentiments pour voir si les impressions correspondent aux valeurs calculées par le modèle. Pour ma part un entraînement plus petit que 75 est souvent facile, un entraînement entre 75 et 125 est modéré. Les entraînements durs se situent autour des 125-150. Seuls les entraînements longs ou les compétitions dépassent ces valeurs en général. (Pour quelqu’un débutant il peut être intéressant de rapporter ces valeurs en ratio TSS/CTL, avec des seuils à 75%, 125%, 150%.)



Copy the text from the picture

Edit style basic | advanced

Management de la performance

Après des années passées dans le triathlon, peut-on encore changer quelque chose dans notre préparation d’une saison ?

La réponse est oui, surtout lorsqu’on s’entraîne sans plan à long terme, et que la distance de nos compétitions augmente au fur et à mesure des années s’écoulant. Et la réponse est d’autant plus oui, lorsqu’on se dit qu’avec un Master of Science en poche, on devrait comprendre les modèles de l’entraînement et de la performance d’un oeil plus scientifique.

Avec Daniel depuis un peu plus d’une année on s’est un peu plongé dedans (lui peut-être bien plus que moi), on a compris l’intérêt de certaine formulations, implémenté quelques concepts, eu des réticences face à certaines déclarations, et gentiment convergé vers notre façon d’analyser nos entraînements, leur charge sur notre corps et la fatigue qu’ils génèrent, etc.

Le travail a débouché sur 3record.de (en beta privée, nous contacter si intérêt il y a), qui évolue encore peu à peu, mais permet déjà une belle analyse de la saison passée. Reste encore à tourner cela en un plan pour la suivante avec les acquis de connaissance. J’avais de la chance de commencer aussi avec presque 5 ans de journaux d’entraînements en poche (peut-être que je transformerai l’évolution de mes saisons en une news plus tard), ainsi que depuis cette saison des pédales mesurant la puissance à vélo (car pour analyser des données, mieux vaut les avoir collectées auparavant, et le plus précisément possible).


Le but pour 2016 était de continuer comme les années précédentes, avec un parallèle toutefois 3record.de pour avoir un feeling des informations utiles à extraire. J’ai toutefois l’impression qu’il en a parfois fait un peu plus, preuve que c’est un outil utile.

TSS, ATL, CTL, TSB, késako ?

Avant de commencer, quelques définitions (ici en version crash course simplifiée, les détails mathématiques peuvent être trouvés sous http://www.3record.de/about/metrics par exemple) :

  • FTP : Estimer la fatigue et la forme peuvent se faire par la durée et/ou la distance des entraînements uniquement, mais ne sera pas très précis. L’intensité entre aussi en compte. (J’insiste sur estimer. Beaucoup de facteurs - mentaux, professionnels, familiaux, liés à la santé, etc - non pris en compte dans le modèle peuvent affecter la performance.) Toutefois l’intensité d’un entraînement ne dépend pas seulement du travail fourni, mais de la capacité de chacun à fournir ce travail. Ainsi on définit le Functional Threshold Power comme la puissance maximale qu’un athlète est capable de tenir sur environ 1h. La FTP est donc la référence de notre niveau en endurance (par exemple 1’30/100m en natation, 325W à vélo et 3’25/km en course).

  • NP : Le corps réagit à l’effort fourni non pas instantanément, mais un peu plus lentement (de l’ordre de 30s). De plus, l’effort fourni ne dépend pas du travail moyen (ie. 10km en 50min régulier seront plus faciles que 2x5km, le premier en 20min le deuxième en 30min). Le Normalized Power (ou Normalized Pace en fonction du sport) donne ainsi la puissance (ou vitesse) correspondant au même effort si maintenue constante pour la durée de l’entraînement.

  • TSS : Armé de la FTP ainsi que NP, on peut faire des calculs intéressants. Leur ratio donne un facteur d’intensité (IF), qui mis au carré et multiplié par la durée et par 100 donne le Training Stress Score. Le TSS est une mesure du stress généré dans le corps par un entraînement dans sa globalité. Une course d’une heure donne 100 points, des intervalles durs sur plus d’1h30 peuvent donner 100 voire 200pts, un footing récup de l’ordre de 30-50 par exemple.

  • ATL : Pour Acute Training Load, ou la charge d’entraînement récente, est calculé comme une moyenne pondérée du TSS sur la dernière semaine. L’ATL est souvent comparé à la fatigue, car c’est une charge à court terme.

  • CTL : Pour Chronic Training Load, correspond à la charge d’entraînement chronique, calculé comme l’ATL mais sur une période correspondant plutôt à un mois. Le CTL est associé à la forme, c’est une charge accumulé sur du plus long terme.

  • TSB : Enfin on calcule le Training Stress Balance, par simple soustraction CTL-ATL. Le TSB est positif lorsque la charge récente est inférieure à la charge chronique (de manière équivalente lorsque la forme est supérieure à la fatigue). Il devient négatif dans les périodes de croissance de charge, lorsque la fatigue se fait sentir. Ainsi TSB est aussi référencé comme la fraîcheur.

Note : Ceci est la première d'une news en 3 volets, qui devriendra de plus en plus orientée pratique. La deuxième partie est publiée sous http://www.besse.info/news/260-Management-de-la-performance-2e-partie, la troisième sous http://www.besse.info/news/261-Management-de-la-performance-3e-partie.

1 comment
bravo, ça devient top !
par PA the 17-10-2016 at 09:00


Copy the text from the picture

Edit style basic | advanced

Seelandtriathlon

Circuit déjà gagné

Ayant le circuit déjà gagné avec le maximum de points suite à mes victoires sur olympiques à Zug, Nyon, Lausanne et Uster, c’est sans pression que je me rends à Morat pour un dernier triathlon cette saison. Malheureusement le temps pluvieux et venteux du matin m’enlève un peu de motivation en me levant et me préparant pour la course et, comme le rappel swisstriathlon depuis quelques semaines dans ces news, j’ai tout gagné jusqu’à maintenant mais la concurrence se voudra plus rude cette fois-ci.

Bonne natation sans faire de grosse différence

Sur la partie natation tout d’abord, je m’attends à devoir m’accrocher à Reiny Brown qui m’avait mis plus d’une minute à Uster sur les 1500m sans néoprène. Parti pas loin de lui à sa gauche, je force sans trop regarder devant au départ pour le suivre. Mais voilà, je me retrouve devant et lève alors la tête. Voyant plus de buée que de bouée je me décide à rejoindre un autre groupe qui nage sur ma gauche à une bonne vitesse. Je me retrouve ainsi sur la droite de Julien Coudert à la hauteur de ses hanches avec quelqu’un dans mes pieds (probablement Reiny). Pour l’instant je me cale sur le rythme mais finis par me retrouver d’un coup devant lorsque mon acolyte s’arrête après s’être pris une vague le bord du kayak, que sais-je. Au passage de la première bouée, les mouvements du lac se font alors ressentir. Les vagues que venaient de l’arrière-gauche sont maintenant de plein face et les efforts se font plus importants.  Je nage alors pour moi comme sur tout le retour où les autres n’ont pas suivi exactement la même trajectoire. Sur la toute fin, je me fais dépasser par la gauche et finis dans les pieds de Coudert sur la rampe de sortie.

Pas un rouleur après tout ?

Transition rapide, éviter la glissade de justesse en montant sur le vélo, et essuyer la buée sur la visière ; c’est bon je suis en tête sur le vélo et tout va bien. Je me cale vers 320W (au compteur, sachant qu’il surestime un peu avec mon pédalier ovale, mais de toute façon ce n’est pas le chiffre absolu qui m’intéresse, plus rester constant) et si c’est rapide je dois au début plutôt faire des efforts pour ne pas exagérer comme l’année passée (où j’avais pété ensuite en course). Il souffle pas mal effectivement et j’ai peur de me faire rattraper par les rouleurs, mais pour l’instant je me sens bien. L’instant fatidique arrive à 10km déjà. Je n’avais pas fait beaucoup d’écart en natation et Philipp Koutny me passe alors comme un avion sur le plat juste avant la première montée du Vully. Faut-il tirer pour le suivre ? Petit coup d’œil en bas, 340W, reste calme, ça ira. La mauvaise vision est vite passée… mince c’est mauvais signe ! Peu après la descente, c’est au tour d’Adrian Haller de me passer lui aussi. La différence est moins flagrante là, mais à forcer derrière lui pour le garder à vue je passe la deuxième montée un peu dans le rouge et dois le laisser lui aussi fuir sur le retour. Bon, au moins j’ai tenu bien mieux que l’année dernière derrière lui. Maintenant, il faut juste espérer que je puisse tenir. Pourtant, ça commence déjà à venir dur avant le rond-point pour repartir sur le deuxième tour. Les écarts estimés au compteur sont importants (facile 3’ pour Koutny et 1’ pour Haller), et malheureusement uniquement devant mais pas derrière où un groupe semble se rapprocher dangereusement.

Les doutes se confirme et si je me « retenais » pour 320W sur les premiers kilomètres, passer les 300W est un effort sur la même partie dans ce second tour. Je tiens malgré tout jusqu’à la première montée avant de me faire rejoindre par le groupe et suis alors relativement facilement les autres pour les garder à distance. Je me mets relativement proche mais de manière correcte me semble-t-il, même si après la deuxième descente un autre concurrent me tape sur la fesse en passant en me traitant de tricheur qui ne doit pas savoir ce que 10m représente. Cet intermède me laisse perplexe et je navigue alors comme je peux dans le groupe un peu perturbé jusqu’à l’arrivée (et avec des watts nettement plus bas qu’avant en ayant l’impression d’être tiré/bloqué par le groupe plutôt que choisir mon rythme ; c’est de ça que se plaignent les pros sur ironman ?).

Assurer la course

2016 Seelandtriathlon Daniel cap
Départ course à pied (photo Swisstriathlon)

Ma foi, si cette fin de vélo s’est trouvée être un peu spéciale, il me faut maintenant courir vite ; et ça j’ai prouvé dernièrement que je sais le faire. Transition éclair, je pense être 4e (mais suis en fait 3e), et je m’élance en un rythme rapide pour scier les jambes et le moral des autres. Mes mollets se réveillent alors subitement ; veulent-ils me suggérer que la séance sur piste de mardi était un peu rapide ? Probablement, et ils ont peut-être même raison, mais la question ne doit pas être posée à ce moment ; on court et c’est tout. Au coup d’œil à la montre, je cours aux alentours de 3’45/km, en forme c’est faisable de tenir, sinon vaut mieux caler après que les écarts soient faits, dans les deux cas il faut donc continuer. Après 4km, je ralentis un poil le rythme (peur de la déconvenue du 5e km de l’année passée) et laisse alors revenir celui que j’entends derrière moi. Il lui faut un petit moment mais il me rejoint finalement et prend alors un relai de pace-maker que je ne lâcherai plus jusqu’à l’arrivée. Les seuls fois où je suis passé devant doivent se compter sur les doigts d’une main : les ravitaillements où je ne ralentis pas alors que lui le fait pour boire, et une autre fois vers 17km lorsqu’il a légèrement laissé tomber le rythme. Ma stratégie est donc clair, tenir, tenir, tenir et si possible prendre le sprint à la fin. Ce que j’ai réussi à faire.

Content du résultat et de 2016

Si on compare avec l’année passée, j’ai fait exactement le même temps à vélo (alors qu’Haller et Samuel Jud, 1er et 2e en 2015, on les deux mis 1-2 minutes de plus) et est pourtant réussi à faire une excellente course avec 1h15 pour 20km contre 1h26 en 2015 où les 5 premiers kilomètres m’avaient fait exploser. En conséquence, et même si c’est le premier triathlon que je n’ai pas gagné cette saison, je suis content de ma course et ne pense pas que les deux premières places auraient été accessibles par une meilleure gestion. Mes remords seront aussi effacés par mon compagnon en course qui m’a confirmé m’avoir suivi longtemps à vélo et n’avait pas l’impression que je roulais plus proche que le groupe qui nous a rattrapé.

2016 Seelandtriathlon podium
Podium

Sur ce, se conclut pour Jean-Claude et moi la saison 2016. Une belle saison où notre niveau course à pied s’est clairement amélioré. Jean-Claude a eu quelques problèmes de confiance en fin d’année (conséquence, en tout cas en partie, de la chute à Uster) mais a aussi bien couru à Morat. Pour titiller les tous meilleurs, ne nous reste donc plus qu’à faire un même saut à vélo… J’ai ouï dire qu’au Rushteam « yapluka » était la solution miracle.

2 comments
Top ! Comme à chaque fois, c'est un plaisir de vous lire.
Félicitations pour votre incroyable saison à tous les deux et tous ces beaux podiums. Ça promet de très belles choses sur la distance supérieure l'année prochaine !!!
Une première sous les 9 heures ? Une double qualif' pour Hawaï ? C'est tout ce que je vous souhaite à tous les deux !
Sportivement,
Simon

par Simon the 22-09-2016 at 09:30
Merci.
Sous les 9h c'est effectivement l'objectif qu'on a officiellement annoncé. Pour l'instant, ça peut dépendre encore de beaucoup de choses mais ça fait un joli défi...

par Daniel the 22-09-2016 at 09:45


Copy the text from the picture

Edit style basic | advanced

Des résultats divergeant à Uster

Si Daniel a pu confirmer sa belle lancée avec une victoire de plus, il en est allé un peu différemment pour ma part, avec une course partie en vrille au 30e km...

Mais avant cela, faut préciser qu'Uster était une course à départ par intervalle en contre-la-montre, quatre personnes à la fois toutes les dix secondes. Les sensations à l'échauffement sont mitigées, avec une prépa pour Nyon super bien réussie mais derrière des traces de fatigue ressentie à Lausanne et déjà en trottinant le long du Greifensee. Il fait chaud, peu de vent, pas un nuage. L'eau est à 25 degrés, ce sera pour une fois sans néoprène. Je propose à Daniel de partir assez devant, pour éviter des bouchons. Sur le ponton les gens nous demande de passer devant en nous reconnaissant plus ou moins. On se retrouve à partir dans la deuxième vague, avec un autre excellent nageur.

Départ, descente d'escaliers jusqu'à l'eau et premiers coups de bras. Très vite on reprend les 4 partis devant et c'est à notre tour de faire la trace parmi les bateaux ammarrés (décidemment Uster n'arrivera jamais à les déplacer juste pour un jour de course). Ensuite Reiny Brown, parti avec nous, me dépasse et d'une traîte rejoint puis dépose Daniel ! Il avance vite.

Moi je me sens moyennement bien, ça glisse mais manque peut-être un peu de cadence. Je me ferais reprendre par Guillaume Wicht sur la fin du premier tour. Sortie à l'Australienne et replongeon pour un deuxième tour (si c'est sympa lors d'un normal ça fait bizarre avec des départs échelonnés où des gens partent alors qu'on attaque le deuxième tour).

Sortie de l'eau, transition et départ vélo en 4e position (enfin c'est mon impression mais à nouveau en contre-la-montre c'est impossible à dire). Si je pars fort, Guillaume devant me distance tout de même, et Daniel et Reiny sont hors de vue. Un peu dur à assumer, mais il me semble bien tirer et la moyenne à plus de 40km/h est bien là. Au passage au début du deuxième tour un autre me reprend, je suis parfois un peu coincé par des voitures. Je préférais le parcours précédent pour être honnête, avec une montée sur Forch qui laissait plus la place pour faire des écarts que deux tours 100% plats et assez bondés de vélos et voitures. M'enfin reste plus qu'à tirer jusqu'au km 35 et se préparer pour une course rapide je me dis.

Seulement voilà, en entrant dans Fällanden, 30.1km au compteur, je suis en train de dépasser lorsqu'un concurrent fait un écart. Et puis tout se passe très vite, pas vraiment le temps de réaliser que je me vois coincé entre une voiture en face et le vélo à ma droite, tape un trou dans la route, tombe en avant avec le ventre sur le guidon, et avant de me rendre compte de quoi que ce soit je suis à faire un roulé-boulé sur la route. De 41.8km/h à zéro en une fraction de seconde.

Je reprends mon vélo, un concurrent m'apporte ma visière du casque qui s'est détachée, je me tire de côté, une dame en voiture me demande si ça va. Oui je crois tout va bien. Reste à vérifier si le vélo tourne et repartir. Enfin presque: des samaritains d'une fête du village débarquent et insistent pour désinfecter puis bander mes plaies sur le dos et la hanche. Puis c'est au tour d'une moto d'arbitre d'arriver et demander de vérifier que je soit conscient, capable de suivre les doigts avec les yeux, etc. Moi j'ai la tête un peu ailleurs, à essayer de comprendre ce qui s'est passé. Me semble que le nombre de vélos diminuent quand enfin ils me laissent repartir. Je suis entourés de femmes parties vingt minutes après (mais ce dont je me doutais pas alors avec un tour en moins que moi), et je finis à leur rythme en pensant à courir pour changer mes idées.

Départ rapide, un peu frustré surement, et après un petit kilomètre je me rends compte que leur bandage compressif autour de la poitrine va pas me simplifier la tâche: impossible de respirer par cette chaleur. Tant pis, ça sera mon footing décompressif. De quoi voir Daniel reprendre la tête à Guillaume dans un dernier kilomètre de folie (3'15), pour aller assurer la victoire au circuit avec le maximum de 7000pts ! Moi il me reste 5km, à dépasser en continu, avant de rejoindre la ligne.

Daniel, Stefano (collègue du TV Oerlikon) et Jean-Claude à l'arrivée

Petit à petit les douleurs remontent ensuite, avec la peau du dos râpé qui tire, un hanche gauche meurtrie et quelques courbatures dues au choc. Rien de trop grave, ça ira mieux la prochaine fois.

Une victoire de plus pour Daniel, décidemment inarrêtable en 2016



Copy the text from the picture

Edit style basic | advanced