ITU Pan American Cup Clermont
Quoi de mieux pour commencer la saison qu’un triathlon en catégorie pro dans une continental cup en début mars! C’est tôt mais bon, le club a proposé d’y aller pour la course de moins de 25 ans et lorsque je m’inscris il n’y a plus de place mais toujours la possibilité de se faire ajouter parmi les pros par Swiss Triathlon. En vérité, les choses sont un peu plus compliquées car je suis d’abord mis sur une liste d’attente et ensuite ai dû échanger pas mal de mail pour trouver un transport comme la première personne qui était sensée m’amener s’est désistée au dernier moment. Bref, grâce à son aide, j’ai malgré tout trouvé quelqu’un en la personne de Max, un ancien étudiant de Georgia Tech qui a fini ses études l’année passée et qui se met au triathlon après avoir beaucoup nagé et essayé le cross-country également.
N’ayant pas de cours le vendredi, je me permets de prendre congé de mon projet sur lequel je travaille d’habitude ce jour-là et nous partons pour la Floride le jeudi soir déjà. Les bouchons dans la ville d’Atlanta nous font perdre beaucoup de temps et ce n’est finalement que vers 1h30-2h du matin que nous trouvons notre hôtel à Clermont. Nous devions toutefois y être ce jour-là pour Max qui a un meeting avec les responsables du recrutement américain de triathlon. Le vendredi matin nous sommes donc sur le parcours relativement tôt pour un repérage et des exercices de virages et transition avec une bonne vingtaine de jeunes qui font soit la course moins de 25 soit la course pro. La course prend place dans un parc de l’état de Floride. Une belle route légèrement sinueuse mais plate comme la main et la seule (très) légère bosse est coupée en deux à cause du U-turn à vélo. Ça va être une course rapide sans aucun doute. Après cela, nous allons nager un peu dans le lac. Il y a un ponton en bois, puis une plage en sable à traverser. De plus, sur les 50 premiers mètres l’eau n’arrive pas aux genoux. Le départ sera donc donné dans l’eau à une trentaine de mètres du bord, mais c’est surtout à la sortie qu’un bon petit pas de course sera nécessaire (ou un dolphin diving selon les termes de la coach américaine). Max et moi n’avions pas pris la neopren ce jour-là et l’eau est relativement froide (chaude pour mars, mais à rester 20-30 minutes dedans ça reste froid). La température officielle est de 62°F, ce qui correspond à un 16-17°C. Un autre détail qui choque au début est l’eau noire. Le surveillant sur la plage (qui doit être de l’ITU ou USAT, ou les deux peut-être) nous annonce une eau très propre mais colorée par les pins du parc qui se désintègrent, ce qui donne l’impression de « nager dans du thé » et s’est assez vrai. M’enfin, on n’est pas là pour la géologie, la seule conséquence est que repérer à partir de quand on peut courir est important puisqu’on ne peut pas voir le fond.
Après cela, nous retournons diner et se reposer à l’hôtel. Entendez par là, une petite demi-heure de révision pour le test de lundi suivie par 1h45 de sieste qui avait manqué la nuit précédente. Le soir place au briefing. Les remarques usuelles sont récitées ou lue sur le powerpoint qui devient gentiment connu comme ils utilisent tous le template ITU. Une athlète relève toutefois un point intéressant. « Si les seules bouées qui sont obligatoires sont les deux rouges au bout mais pas les jaunes de direction, qu’est-ce qui m’empêche d’aller les prendre et de revenir ensuite directement sur la plage et de courir au lieu de nager ? » Le responsable est confus et annonce que ce n’est pas autorisé. Peu après, un autre de USAT vient discuter avec lui et soudainement les bouées jaunes deviennent obligatoires également. En discutant de cela plus tard avec Max qui avait son briefing juste après celui des pros, il semblerait que pour les jeunes, « partir sur une autre direction que la bouée en face au départ » serait pénalisé. Intéressant.
La course
Le jour J, je me retrouve sur le parcours très tôt le matin à cause de la course U25 pour Max. Une fois encore, ces braves américains ont mis tous les départs entre 7h15 et 11h30 du matin et ont choisi un parc isolé de tout pour le parcours. Je dois avouer avoir de la peine à comprendre, mais c’est pas moi qui décide. Je tâche donc de rester bien habillé et m’échauffe à mon rythme. La température a bien monté par contre et il aurait presque fait trop chaud à midi sans la petite brise qui s’est levée. Conditions parfaites pour courir donc. Je passe les détails de l’échauffement et de l’appel des noms sur la plage. Un des derniers numéros, je me retrouve à ne pas pouvoir choisir ma place sur la ligne de départ et finit au ¾ sur la gauche alors qu’il semblerait que l’eau soit un peu moins profonde à droite.
Après une relativement longue attente sur la ligne, voilà le départ. Comme toujours relativement rapide. J’ai l’impression de m’accrocher derrière un groupe. Quelques frictions au passage de la première bouée mais rien de bien méchant. Par contre, il y a déjà pas mal de monde devant. A la deuxième bouée, je suis à l’intérieure (déjà limite trop) avec un autre un peu plus sur la gauche juste une demi-longueur derrière moi. Sans vraiment réaliser, je me retrouve la tête sous l’eau contre la corde de la bouée et lorsque je la ressors, j’ai bien l’impression d’avoir passé du mauvais côté. La bouée est passée toutefois et plus moyen de revenir, donc « go, nage ! » est la seule chose qui me vient à l’esprit. Une petite frayeur me vient lorsque le bateau nous suit un moment sur le retour, je vais quand même pas me faire disqualifier pour avoir été poussé à la bouée ? Il n’en est rien finalement.
Courir dans l’eau puis dans le sable est assez éprouvant à ce moment-là. La transition passe bien malgré tout et je me retrouve sur le vélo avec deux groupes devant et trois autres plus ou moins comme moi. On forme notre groupe à 4 et on roule avec des relais, même s’ils ne sont pas toujours très réguliers. J’ai un peu de peine à la relance après le 180° au bout mais suis un des plus rapides dans les virages pour traverser la zone de change. Deux tours passent ainsi et au troisième, nous somme rejoints par un peloton. Les deux premiers groupes ont également formé un grand peloton et l’écart est déjà relativement important. Le quatrième et dernier tour annonce maintenant la transition.
Les choses se gâtent un peu pour moi lors du passage à la course à pied. Mes mollets me tirent et me forcent à courir un peu sur les talons, alors que les concurrents partent tous comme des fusées. Très rapidement je me retrouve dans les derniers du groupe et lorsqu’enfin mes mollets donne le tour vers le premier demi-tour (sur deux tours), le souffle m’empêche d’accélérer vraiment sur un autre 2km environ. Juste avant le dernier demi-tour, un athlète me passe et j’arrive à m’accrocher à sa foulée. Je le suis encore sur le début du retour et donne enfin le tour pour ce dernier kilomètre. Après l’avoir suivi un moment, je me décide donc à accélérer subitement pour le lâcher et ne plus le laisser revenir au grand dam de son coach québécois qui l’encourage à me rejoindre en français.
Après cela, un petit décrassage en courottant sur le parcours et nous voilà déjà repartis pour 6h de voiture sur le chemin du retour. Pas mal de discussions entre le père de Max et moi sur l’expérience en triathlon, mais aussi le paysage de la Floride et du sud de la Géorgie, voire de l’armée en Suisse. Bref, un long retour qui a finalement défilé comme de rien. Et étonnamment, je n’ai pas l’impression d’être si fatigué que ça. Bon, un court passage chez une amie qui avait invité le club de natation pour une fête, une nuit raccourcie d’une heure par le passage à l’heure d’été (et oui, les américains ne le font même pas en même temps que l’Europe) et un lever le lendemain pour aller à vélo ont finis par m’achever. Les jambes se font quand même sentir un peu et avec du travail sur un rapport et d’autres projets, les levers de cette semaines ont été plus difficiles que d’habitude. Mais maintenant, j’ai le droit à une semaine de vacance pour spring break et je me réjouis d’aller retrouver Nadine à Berkeley pour cela.
Voilà pour le récit. Je suis plutôt content du résultat (notamment pour une course pro et en mars), juste la course à pied me déçoit un peu. Un 18min30 pour 5km est trop lent et bien sûr à ce niveau-là ça ne pardonne pas. Prochaine course importante, les championnats nationaux universitaires à mi-avril avec un sprint drafting comme celui-là le vendredi matin, suivi par un olympique sans drafting le samedi. Peut-être un autre sprint de préparation juste avant, mais ça reste à décider.
PS : wow, j’ai pas trouvé le temps et la motivation d’écrire quelque chose plus tôt, mais c’est fou ce qu’on a le temps dans un avion...