Victoire au triathlon LD de Belfort
Trajets en voiture et stress de la veille
Depuis que le Rushteam s'est décidé, sur l'impulsion de P-A en décembre dernier, à faire une sortie club sur distance semi-ironman à Belfort, ce triathlon trotte dans ma tête comme objectif. L'expérience de l'année passée à Troyes a été très bonne et, avec bien deux fois plus d'entraînement cette année, je sais que je peux encore mieux faire (notamment en gérant mieux le vélo pour pouvoir courir et non pas marcher après). Ma hanche m'avait un peu mis en doute en hiver mais depuis le début de 2015 je me sens bien et ai l'impression d'avoir énormément gagné en endurance (peut-être légèrement au détriment de la vitesse pure). Les 20km de Lausanne l'avaient également démontré avec l'ambition maintenant de viser les 4:00-4:15/km sur la partie course à pied.
Le jour J est annoncé pour un samedi 30 mai. Départ d'Ecublens le vendredi avec papa, maman et Cendrine pour un trajet somme toute assez rapide et une arrivée sur place pour déjeuner ou dîner selon que vous soyez Français ou Valaisans; l’instinct de P-A ressort. Bref, l'important est qu'on a reçu notre ration de pâtes. L'après-midi, je pars faire une petite mise en jambe à vélo tandis que les autres partent voir la vieille ville de Belfort. Je me retrouve sur une petite route assez vallonnée, et en profite pour tester les barres sur une vingtaine de kilomètres. Il souffle mais mis à part ça le lendemain s'annonce plutôt bien. De retour à l'hôtel je me rends compte que j'ai perdu ma gourde avec le boyau et les affaires de rechange si jamais je perce. Malgré toute la partie en ville refaite à pied et le reste en voiture avec Gianna, impossible de les retrouver. Pas de quoi en racheter non plus au village expo qui se trouve être plus petit que mes attentes et j'aurais donc le droit à encore quelques aller-retour de plus en voiture pour finalement trouver un magasin capable de me vendre les outils pour partir rassuré le lendemain. Mon compagnon de chambre Bernard fait des trajets en voiture de son côté quant à lui, devant chercher un médecin car son certificat médical ne contient pas la formulation "en compétition"... bienvenue en France! Beaucoup de péripéties pour cette journée d'avant course, mais tout le Rushteam se retrouve soulagé le soir à une pizzeria où j'engloutis avec faim ma portion de lasagnes.
Le plan: faire le trou en natation, c'est mon point fort
Pour la compétition, le plan que j'ai en tête et inspiré en partie de discussion avec Phil est simple: partir vite en natation pour faire l'écart sur d'éventuelles fusées à vélo. Bien tirer au début du vélo ensuite pour garder l'écart si possible. Pas trop forcer les derniers kilomètres avant le Ballon pour pouvoir passer cette bosse rapidement, quitte à être bien entamé en haut car la descente est là pour récupérer. La fin est sensée être facile. Ensuite à pied, gérer selon la forme mais 4:15/km est un bon point de départ.
Le stress n'est pas trop visible. J'essaie de rester calme, chantonne dans ma tête la musique des hauts-parleurs, discute avec qui veut bien; enfin, jusqu'à une demi-heure avant la course à partir de quand j'ai plus dû dire un mot, le regard fixe et les pensées focalisées sur ma course. Le coup de pistolet arrive rapidement et même s'il ne se fait pas vraiment entendre, la course est lancée. Après quelques coups de bras, je suis déjà seul. Bien, j'y vais, me dis-je. Tout va bien durant cette partie natation, même si je sais que c'est la plus facile pour moi. Un peu de peine à voir la deuxième bouée mais le canoë de tête remarque mes hésitations fréquentes et se remet droit devant, il ne reste plus qu'à suivre et garder un bon rythme pour faire le trou comme prévu. À la sortie à l'australienne, je ne vois déjà plus personne et nage pour moi le deuxième tour également. Juste en dessous des 25 minutes annonce alors le speaker qui commente toute ma transition pour expliquer le déroulement d'un triathlon aux spéctateurs. J'ai de la peine à enlever les pieds de ma néoprène mais sur un long comme ça, je suis malgré tout parmi les plus rapide comme je ne change aucun habit et ne mets même pas mes chaussures de vélo dans la zone.
Sortie de l'eau en tête avec une bonne minute d'avance, content de ma natation et de ma nouvelle Zone3 Vanquish pour sa première compétition.
Transition rapide pour un départ à vélo pour 87km.
À vélo, tenir autant que faire se peut
Dès le départ vélo, mon chemin est guidé par deux motos de gendarmerie dont une fait un peu le petit chien avec une voiture de secours routier loin devant mais l'autre reste à distance constante d'une centaine de mètres. Le parcours est plus vallonné que je ne l'imaginais par les descriptions de P-A qui avait fait un repérage. Je reste sur les barres bien souvent malgré tout et me mets dans mon rythme. Je ne vois personne pour l'instant donc c'est à moi de gérer, la moto ayant un rythme un peu trop irrégulier; enfin je veux dire une vitesse trop régulière, me lâchant plusieurs fois dans les montées où elle reste quelques hectomètres à la même vitesse que dans le faux-plat précédent. Je profite de ces moments géniaux, avec les encouragements de quelques spectateurs et la route toute pour moi. Après 10km, je prends mon premier Powergel et tâche de bien boire. Dans un petit village, je dois freiner un peu à cause d'une voiture, mais sinon le parcours est superbe et avec des bénévoles à tous les croisements; avec en plus les gyrophares des gendarmes dans les virages un peu serrés, j'ai l'impression d'être sur route fermée.
Petit à petit, je me dit que quelqu'un va bien finir par me rejoindre et quand j'entends une moto derrière moi, je me dis que mon heure de gloire est arrivée; selon le rythme, il me faudra tenir ou laisser partir. Mais non, cette moto est le speaker qui donne les commentaires pour les accompagnants restés sur site et qui me dit que j'avais 2'30 d'avance au 10e kilomètre. Un petit merci de la main mais rien de plus de mon côté; je ne quitte pas la position aérodynamique. Les kilomètres défilent ainsi rapidement. Je commence à me mettre un peu en danseuse dans les montées, mais je me sens encore bien et prends mon premier gel. Arrive alors l'approche du Ballon où selon un deuxième passage de la moto, mon écart est resté constant sur la boucle initiale. Le vent est alors de face et m'empêche bien malgré moi de m'économiser pour la montée; un mélange avec l'euphorie aussi sans doute qui me fais attaqué les lacets initiaux après Sewen la fleur au fusil. Zoup, zoup, quelques virolets et c'est déjà plus facile à nouveau. Les panneaux sur le bord de route me rappellent par contre que la "bosse" fait la distance d'un Mollendruz. Je peine dans la partie dans la forêt et pense alors au TDFO puis à la montée de l'Alpe l'année passée que j'avais également faite en contre-la-montre. Allez, ça n'a rien à voir et en plus il paraît que ça redescend après. Bon, il me faut quand même aller sur ma plus petite vitesse et ça m'a l'air gros encore. Je fais quoi à passer des cols en clm sur du 39-25?
Km 1 selon le panneau, et ça devient un peu moins raide. Aller grosse plaque et c'est reparti mon kiki. Enfin, pour un petit bout; il me faut remettre la petite pour la dernière partie montante mais c'est effectivement sur les barres et en mangeant une barre fruitée à maman que je passe le sommet. Remplissage de ma gourde avant avec celle de derrière au début de la descente (qui m'a valu de passer la deuxième épingle avec une gourde entre les dents, c'est peut-être mieux qu'entre les fesses... une histoire à souper de la veille).
Dans la descente, je ne prends pas de risque car la route n'est pas très bonne et je ne suis pas un spécialiste; d'autant plus que j'aime moins prendre les virages avec mon clm que mon vélo de route et que j'ai perdu mon, puis mes, verre(s)-de-contact dans le vent. Mais on est malgré tout vite au fond. Première rebosse, je tire en haut ce petit béquet gros plateau. Mal m'en a pris, car lorsque la moto me redépasse pour dire que j'avais toujours la même avance au sommet, je suis à nouveau petit plateau à cause de deux crampes simultanées dans les cuisses. Aïe! mouline, mouline! Tiens ça passe plus ou moins. Faut pas partir trop fort après la descente car le réveil fait mal. Un dernier Powershot pour la course, bien boire et pas trop forcer. 10km ça passe vite malgré tout. Et quelle magnifique image que celle de rentrer dans un parc à vélo entièrement vide.
Surpris d'être toujours en tête à la fin du vélo. Parc de transition vide! Maintenant y'a plus qu'à mener ça au bout.
Maintenant il est pour moi
Je crains avoir perdu un peu de temps avec toutes ces histoires et c'est donc au taquet que je me lance sur la partie càp. Il faut remettre une couche sur le premier tour; ça me fera du bien à moi en me donnant une petite marge mais surtout ça va scier le moral de mon poursuivant. Les cuisses se plaignent un peu dans la montée mais je cours comme une gazelle sur les trois premiers kilomètres. Les forces me rappellent ensuite à ma raison et mon état de fraîcheur. Contrairement à Troyes, j'ai décidé de ne pas m'arrêter par contre et c'est juste un peu d'eau que je me verse en courant aux ravitaillements jusqu'au 9e kilomètre. Là, je me dis qu'il vaut mieux commencer à gérer un peu et prends alors le temps de marcher une dizaine de mètres à tous les ravitos pour un verre de coca en plus de l'eau. Le rythme ralentit un peu mais je tiens bon. Au passage vers 11km, je croise Cendrine et je me dis qu'elle a dû avoir un problème en la voyant spectatrice et mon seul mot de la course sera pour lui demander ce qui lui est arrivé. Sinon, je reste inconscient du monde extérieur et avec en plus ma vue très limitée par la perte des verres-de-contact, je suis fixé à 10m et cours sans me poser de question. Au deux tours suivant, j'ai un peu peur en faisant la boucle vers le départ car je vois du monde mais me rassure au sommet de la bosse me disant que mon avance est assez grande; dur de me rendre compte de la marge exacte mais gentiment je me dis que c'est bon.
Fin de premier tour en càp, ça devient dur mais il faut tenir.
Quelle bonheur de passer l'arrivée en tête au milieu de la foule!
Je profite de la foule sur les derniers 100m en tapant la main de tout le monde à droite (enfin, sauf à maman et Cendrine collées à la banderole d'arrivée mais que je n'ai pas vues). Soulever la banderole est juste magnifique. Épuisé, je me couche par terre avant que le speaker ne me rappelle pour un tour d'honneur. J'enlève les chaussures par habitude mais ne me fais pas prié pour taper les mains de l'autre côté du couloir d'arrivée. Quand je reviens du premier côté, le deuxième concurrent arrive et j'arrête mon tour pour passer la ligne avec lui; au grand dam de maman, qui n'aura pas le droit à sa tape encore une fois.
Le soulever de banderole, juste magique! (© photo: Facebook du triathlon de Belfort)
Petit passage chez un journaliste de l'Est républicain ensuite et ravitaillement bienvenu. Je n'ai pas beaucoup mangé de la course mais ça ne m'a pas dérangé. Les crampes des cuisses ressortent à nouveau par contre et le massage est plus qu'apprécié même s'il ne suffira pas. Douches, encouragements des autres rushtistes et discussion avec quelques personnes pour finir; même si encore un peu dans le flou, je ne réalise pas trop qui est qui et ne fait pas trop de commentaires. Première marche du podium quand même! WOUHOU! Joli trophée et un bouquet de fleurs pour maman. Pas de prize-money, ce qui explique peut-être une concurrence probablement un peu moins importante que l'année passée à Troyes; mais ma course personnelle a aussi été nettement meilleure que l'année dernière.
Tous les concurrents du Rushteam. Dommage que Cendrine n'ait pas pu finir, très belle sortie club sinon.
Retour en groupe avec le Rushteam. Merci à tous les accompagnants d'ailleurs pour le soutien et les encouragements. Je me sens encore relativement en forme, capable de conduire sans autre. Les cuisses restent très dures par contre et rien que rester assis pendant le temps du souper est presque trop long. La nuque et le dos tirent eux aussi. Et moi qui pensais dormir comme un bébé après avoir passé le volant à P-A, je dors effectivement mais très mal; trop excité de cette folle journée.
Le lendemain, j'ai un peu mal partout mais rien d'anormal pour un effort comme celui-là. Et je vois mal comment je pourrais me plaindre d'ailleurs; avec la satisfaction, mon esprit peut vaguer à autre chose de toute façon!
par PA the 06-06-2015 at 12:28